confrencecarmedornellasLors de sa conférence de carême à Notre-Dame de Paris, Mgr d’Ornellas a évoqué, dans sa réponse à une question de l’assemblée, l’importance du pardon entre époux.
Monseigneur, vous avez montré le lien entre amour conjugal et famille. Quand l’amour conjugal est détruit, que reste-t-il de la famille ?
Avant de dire que l’amour est détruit, je pense qu’il y a un chemin de l’amour qui n’est pas facile et qui s’appelle le pardon.

Je crois que quand un amour extrêmement fragilisé ou un amour trahi ou un amour blessé existe, il est possible que cet amour renaisse dans le pardon.
Je connais personnellement - puisque c’est l’archevêque de Rennes qui en est l’évêque protecteur, si je peux dire - je connais la Communion Notre-Dame de l’Alliance où des hommes et des femmes subissent la destruction de leur amour et donc la séparation de leur conjoint, le divorce d’avec leur conjoint, et souvent le remariage de leur conjoint. Ils découvrent de façon étonnante qu’ils peuvent vivre quelque chose de très fondamental qui est de pardonner au conjoint qui pourtant est remarié, et parfois a des enfants de son second mariage. Je pense que le pardon appartient à l’amour. Je ne crois pas qu’il y ait d’amour conjugal qui existe sans se pardonner. Je ne pense pas que ça puisse exister.
Il y a beaucoup de pardons qui sont donnés sans que ça se voie, sans que ça se dise. Et ce sont ces pardons qui permettent à l’amour de grandir, de devenir un amour très beau avec le temps.
Maintenant, quand l’amour est détruit, comme vous me dites, tout dépend de ceux qui ont pris les décisions, de ceux qui pensent que leur amour est détruit. Les décisions sont multiples. Je pense que les amis, l’Eglise, ne doivent jamais s’avouer vaincus sur l’amour. L’amour est détruit, oui, c’est vous qui le dites, mais l’amitié, l’Eglise, que sais-je, s’avouent-ils eux aussi vaincus ? Sont-ils là simplement pour constater : « Bon, votre amour est détruit, il n’y a plus rien à faire ? » Peut-être y a-t-il encore quelque chose à faire. Il faut chercher. Il n’y a jamais d’impasse qui soit sans porte. Dieu est capable de montrer les chemins, de montrer où est la porte. Encore faut-il la chercher.
Pourquoi l’amour est-il détruit ? Ce sont les sentiments qui sont détruits ? Ce sont les pactes économiques qui sont détruits ? Ce sont les déficiences éducatives ou les forces éducatives qui sont détruites chez l’un ou chez l’autre ? Qu’est-ce qui est détruit ? Et à quoi résume-t-on l’amour ? Est-ce que c’est le temps qu’on a pris ensemble qui est détruit ? Ou bien il n’y a plus de temps, comme l’écrit ce philosophe dans « Le monde magazine » : « Au secours, tout va trop vite » ?
Qu’est-ce qui est détruit ?... L’amour est souvent une braise, sous les cendres.
La destruction de la force éducative parce que notre enfant est dans un tel échec scolaire que je ne supporte pas l’échec de mon enfant qui est mon propre échec ? L’amour est détruit parce que je suis au chômage et je n’ose pas rentrer chez moi parce que je suis au chômage. Je suis humilié d’être au chômage. L’amour est détruit… L’amour est détruit parce que je suis aux crochets de mon conjoint financièrement et je ne le supporte pas. Ou au contraire, je ne supporte pas que tu sois à mes crochets.
Qu’est-ce qui est détruit ?... Et du coup, n’y a-t-il pas une braise sur laquelle on peut reconstruire quelque chose ?
C’est très important que nous ne soyons pas des spectateurs passifs, consentant immédiatement. L’amour est détruit… Pour reconstruire l’amour, il faut peut-être une séparation. Peut-être que la séparation peut permettre d’apaiser des violences, d’apaiser des face-à-face, des blessures. Et cette séparation, accompagnée, peut permettre de reconstruire un amour ou permettre de voir que l’amour n’est pas totalement détruit.

Pour voir la vidéo, cliquer ici  (retrouvez l'extrait ci-dessus vers la minute 75 de l'enregistrement)