Réponses de la Communion Notre-Dame de l’Alliance au questionnaire préparatoire au synode 2015
La Communion Notre-Dame de l’Alliance réunit des hommes et des femmes engagés dans un mariage sacramentel et vivant seuls à la suite d’une séparation ou d’un divorce. Dans la foi au Christ et l’amitié fraternelle, ils suivent un chemin de fidélité, de pardon et d’espérance.

Synode 31710. Que faire pour montrer la grandeur et la beauté du don de l’indissolubilité, de façon à susciter le désir de la vivre et de la construire toujours davantage ?
Les époux qui font le choix de rester fidèles à leur conjoint après une séparation peuvent aider, par leur témoignage, à montrer la grandeur et la beauté du don de l’indissolubilité. Il y a lieu de les considérer, non pas comme des divorcés qui vivent un échec sans vouloir l’accepter, mais comme des personnes mariées qui vivent leur engagement jusqu’au bout. Elles deviennent ainsi des témoins vivants du lien indissoluble et des grâces du sacrement de mariage qui demeure.
Ce témoignage montre qu’en s’attachant au Christ, le conjoint fidèle peut vivre vraiment heureux par une surabondance de grâces permettant de vivre la souffrance inhérente à la séparation et de suivre son chemin dans la paix.
Toute personne concernée par cette indissolubilité, et en particulier les enfants, les fiancés, les couples mariés, les couples au bord de la rupture, mais aussi les prêtres, diacres, et toutes personnes consacrées trouveront dans ce témoignage un éclairage et un soutien féconds et pleins d’espérance.

11. De quelle manière pourrait-on aider à comprendre que la relation avec Dieu permet de vaincre les fragilités qui sont inscrites aussi dans les relations conjugales ? Comment témoigner que la bénédiction de Dieu accompagne tout mariage authentique? Comment manifester que la grâce du sacrement soutient les époux tout au long du chemin de leur vie ?
Lors des préparations au mariage, lors des réunions de couples, lors des réunions de parents d’enfants catéchisés, lors des homélies, répéter à temps et à contretemps que la relation à Dieu invite au pardon, pardon qui est nécessaire à toute vie de couple. Seul Dieu peut nous aider à pardonner et à demander pardon.
Cette force se trouve dans la prière et la
grâce des sacrements.
En même temps, on peut témoigner, faire témoigner des époux – en couple depuis longtemps, ou séparés fidèles – proclamer que le jour du mariage Dieu s’est engagé avec nous dans cette alliance et que de ce fait il nous accompagne jour après jour et nous aide à vaincre ces fragilités humaines. Il nous entraîne à aimer comme lui et c’est bien là qu’est notre bonheur.
Afin d’aider les couples à entretenir la relation avec Dieu, l’Eglise pourra proposer de manière plus constante des possibilités de ressourcement spirituel aux personnes mariées, et des temps de prière particuliers pour le mariage et les époux.

synode2 31717. Quelles sont les initiatives qui pourraient aider à comprendre la valeur du mariage indissoluble et fécond comme voie de pleine réalisation personnelle? (cf. n° 21).
D’une manière générale, il y a lieu de parler plus souvent de la fidélité et de l’indissolubilité dans l’Eglise, en particulier dans la catéchèse, afin d’y éveiller les jeunes.
Parmi les initiatives déjà vécues, il y a le témoignage de personnes fidèles à leur sacrement de mariage, malgré de rudes épreuves comme la séparation ou le divorce, qui illustre bien la valeur du mariage indissoluble. Ces témoignages peuvent être proposés en particulier aux fiancés, aux séminaristes, aux prêtres et à toutes personnes qui s'intéressent à la question.
Nous pouvons évoquer également des veillées de prière à l’occasion de certaines fêtes comme la Saint Valentin, la Sainte Famille... Les personnes mariées dans le Seigneur sont invitées à renouveler leur "oui" en couple ou seul, sous le regard du Seigneur présent dans le Saint Sacrement exposé. Le sacrement de réconciliation est proposé. Afin d’ouvrir les cœurs, des témoignages de couples et/ou de personnes séparées fidèles ouvrent la veillée. La Communion Notre-Dame de l’Alliance est disponible pour animer ces veillées et témoigner.
Une autre initiative possible: une récollection pour couples et enfants, animée par un prêtre et des personnes séparées fidèles. La récollection comprend des temps d’enseignement et de partage, et intègre une veillée de renouvellement du "oui". Le témoignage des séparés fidèles marque les couples et les fortifie dans leur cheminement.
Une autre proposition : intégrer dans la formation des futurs prêtres, diacres et animateurs pastoraux un témoignage des séparés fidèles dans le cadre du cours sur le sacrement de mariage, et en particulier la composante "indissolubilité". Cela permettrait de leur faire connaître et appréhender ce choix possible de la fidélité, et de constituer pour eux un appui solide pour exercer leur futur ministère.

Vérité et beauté de la famille et miséricorde envers les familles blessées et fragiles
Après avoir considéré la beauté des mariages réussis et des familles solides et après avoir apprécié le témoignage généreux de ceux qui sont demeurés fidèles au lien bien qu’ayant été abandonnés par leur conjoint, les pasteurs réunis en Synode se sont demandé – d’une manière ouverte et courageuse, non sans préoccupation ni prudence – quel regard doit porter l’Église sur les catholiques qui ne sont unis que par un lien civil, sur ceux qui sont encore en concubinage et sur ceux qui, après un mariage valide, ont divorcé et se sont remariés civilement.
Conscients des limites évidentes et des imperfections présentes dans ces situations si diverses, les Pères ont suivi positivement la perspective indiquée par le Pape François, selon laquelle « sans diminuer la valeur de l’idéal évangélique, il faut accompagner avec miséricorde et patience les étapes possibles de croissance des personnes qui se construisent jour après jour » (Evangelii Gaudium, 44).
Réflexion sur les deux paragraphes ci-dessus :
Si l’Eglise encourageait et promulguait de manière plus active, plus positive et plus constante le choix de la fidélité et celui des "séparés fidèles" en particulier, qui est dans la simple
continuité de la promesse de mariage, il est probable qu’il y aurait moins de séparations, moins de remariages et plus de réconciliations. Ce sacrifice offert par les séparés fidèles porte du fruit et donne la paix.
Considérés par beaucoup comme insignifiants de par leur faible nombre, ils souffrent d’un manque de soutien, de reconnaissance, voire de compréhension de la part de la communauté chrétienne.

21. Comment les fidèles peuvent-ils montrer à l’égard des personnes qui ne sont pas encore parvenues à la pleine compréhension du don d’amour du Christ, une attitude d’accueil et d’accompagnement confiant, sans jamais renoncer à l’annonce des exigences de l’Évangile ? (cf. n° 24)
Il faut « tenir les 2 bouts » en même temps, avec patience. Accueillir, écouter, accompagner les personnes sans les juger tout en témoignant de la grandeur du sacrement de mariage, de la fidélité, du pardon, en les accompagnant sur un chemin de foi qui conduit au Christ, avec beaucoup de respect, on sait que le Christ les conduira vers la Vérité. Il est important de ne pas trop « focaliser » sur leur situation familiale ou conjugale et de les inviter à participer à tout moyen qui leur permettra de mieux connaître Jésus. C’est Lui qui fera le travail, à sa façon et à leur rythme.

synode3 317Prendre soin des familles blessées (séparés, divorcés non remariés, divorcés remariés, familles monoparentales)
Réflexion sur le titre ci-dessus :
Le terme "divorcés non remariés" est pauvre, et inspiré "du monde". En effet il définit la personne comme "divorcée" ce qui n’existe pas en Eglise, et la qualifie de "non remariée" comme si la référence était le remariage. Le vocabulaire utilisé est important dans la sensibilisation des fidèles. Nous suggérons d’utiliser les termes :
-  Époux séparés. Ainsi on parlerait de "la pastorale des époux séparés", au lieu de la "pastorale des séparés, divorcés, divorcés remariés".
-  Époux séparés fidèles. On les appellerait ainsi, au lieu des "divorcés non remariés"
-  S’il faut utiliser le terme remarié, il serait judicieux de le précéder systématiquement de "civilement".

35. La communauté chrétienne est-elle prête à prendre soin des familles blessées pour leur faire vivre l’expérience de la miséricorde du Père? Comment s’engager pour éliminer les facteurs sociaux et économiques qui souvent les déterminent ? Qu’a-t-il été fait et que faut-il encore faire pour accroître cette action et la conscience missionnaire qui la soutient ?
La communauté chrétienne doit avoir pour souci permanent d’entourer, d’encourager, d’accueillir tous ses membres, qu’ils vivent des périodes heureuses ou difficiles. Elle devrait être le premier lieu où les chrétiens se confient, partagent leurs joies, leurs peines et trouvent encouragement et consolation.
L’essentiel est que la communauté chrétienne ait à cœur de proposer à chacun un ressourcement spirituel qui lui permette d’avancer sur son chemin, là où il en est.
Que chaque pasteur, chaque chrétien engagé sache être attentif aux personnes en situations d’épreuve et proposer un moyen de rencontrer Jésus davantage : groupe de prière, sacrement, groupe de réflexion et d’approfondissement de la foi... Seul Lui saura vraiment panser les plaies et guider chaque chrétien vers la Vérité et la Vie.
Dans le cas particulier où un couple se sépare, le vide affectif est tel que la tentation de s’ouvrir à une nouvelle relation est grande. Il est donc important de rappeler d’emblée aux époux qu’ils restent engagés l’un envers l’autre par le sacrement de mariage avec le soutien de la communauté chrétienne. Sachant l’exigence d’une telle parole de vérité, il est important que tout chrétien connaisse l’existence des lieux d’Eglise qui puissent soutenir les époux à vivre un tel chemin. En France et Belgique, il existe la "Communion Notre-Dame de l’Alliance", en Italie "Separati fedeli" et "Sposi per sempre", aux Etats Unis "Our Lady of Cana".

Annick Marie et Martin Brochier, modérateurs et P. Antoine-Marie Berthaud, o.p., conseiller spirituel général