Cette bulle d’indiction a été publiée pour annoncer le jubilé extraordinaire de la Miséricorde. Misericordiae Vultus signifie « le visage de la miséricorde ».Ce jubilé de cette nouvelle année sainte se déroulera du 8 décembre 2015 au 8 décembre 2016.
« A ceux qui liront cette lettre grâce, miséricorde et paix » nous dit en préambule notre pape bien aimé. Je crois que nous pouvons recevoir de tout cœur cette bénédiction et nous encourager les uns les autres à vivre la miséricorde dans nos familles.
Oui la miséricorde est une bonne nouvelle pour la famille ! Cette bonne nouvelle est manifestée par Jésus-Christ qui à travers sa parole, ses gestes, et toute sa personne est le visage de la miséricorde du Père. Tels sont les premiers mots du pape François dans cette bulle, si je puis dire. Il nous encourage à vivre la miséricorde en famille, en église, en société... et à la transmettre. Pour cela, le pape nous propose de nombreux éclairages et plusieurs temps forts.
Le pape nous a aussi invités à réfléchir sur les défis pastoraux de la famille et son évangélisation, notamment en nous ayant associés à la préparation du Synode des familles qui débutera le 4 octobre. Oui, il y a matière à réfléchir et à échanger de façon ouverte et décomplexée.
«Nous avons toujours besoin de contempler le mystère de la miséricorde. Elle est source de joie, de sérénité et de paix. Elle est la condition de notre salut. Miséricorde est le mot qui révèle le mystère de la Sainte Trinité. La miséricorde, c’est l’acte ultime et suprême par lequel Dieu vient à notre rencontre. La miséricorde, c’est la loi fondamentale qui habite le cœur de chacun lorsqu’il jette un regard sincère sur le frère qu’il rencontre sur le chemin de la vie. La miséricorde, c’est le chemin qui unit Dieu et l’homme, pour qu’il ouvre son cœur à l’espérance d’être aimé pour toujours malgré les limites de notre péché. » Comment ces paroles fortes du pape peuvent nous rejoindre dans notre vécu et notre agir quotidien ? Comment devenir nous aussi des signes efficaces de l’agir du Père ?
Je développerai mon petit exposé sur ce magnifique texte en trois parties :
- Quelle est notre mission d’amour ?
- Quels liens entre la miséricorde et les sacrements ? - Comment est-ce possible ?
1 Quelle est notre mission d’amour ?La vocation caractérise l’être humain de l’animal, et trouve toute sa dimension dans l’élan libre et intérieure qui l’anime. « C’est pourquoi la vocation est toujours l’orientation principale de l’amour humain », disait un certain Karol Woljtyla. Quelle est ma mission d’amour vis-à-vis de mon conjoint, de mes enfants, de ma famille, des autres ? Aimer avec miséricorde pour aimer en vérité de tout cœur.
Ce qui est écrit au fond du cœur est d’être tourné vers Dieu. Cela demande de l’humilité, voire quelques humiliations et de la patience, pour essayer de comprendre l’autre et de l’aimer tel qu’il est. Porter un regard sur nos différences est source d’enrichissement pour éduquer la nature humaine. C’est ainsi être sur un chemin de sainteté.
L’être humain peut être ambivalent dans ses comportements et dans ses choix, tellement le champ des possibles de son agir est grand. La culture contemporaine a tendance à survaloriser l’être humain en faisant de lui le créateur de sa vie, notamment de sa relation de couple. Il est nécessaire de construire notre vie, notamment conjugale et familiale sur la connaissance et la réalité de ce que chacun est. Idéaliser l’autre ou se croire l’auteur ou les auteurs de son propre amour est une menace à ne pas à sous-estimer, tant la société formate notre de façon de voir ainsi.
Puis le pape François continue en nous explicitant ces belles paroles : « La miséricorde est le propre de Dieu dont la toute-puissance consiste justement à faire miséricorde ». Ces paroles de saint Thomas d’Aquin, nous dit le pape, montrent que la miséricorde n’est pas un signe de faiblesse, mais bien l’expression de la toute-puissance de Dieu. Il ajoute ceci : « la miséricorde de Dieu n’est pas une idée abstraite, mais une réalité concrète à travers laquelle Il révèle son amour comme celui d’un père et d’une mère qui se laissent émouvoir au plus profond d’eux-mêmes par leur fils. Il est juste de parler d’un amour « viscéral ». Il vient du cœur comme un sentiment profond, naturel, fait de tendresse et de compassion, d’indulgence et de pardon. »La miséricorde est une tâche à accomplir chaque jour, comme un enfantement, pour mieux croître. C’est un acte d’amour qui dépend de sa volonté et permet de recevoir une force, une paix, une joie qui rendent vraiment heureux. Je peux ainsi construire une relation solide avec autrui. Dieu habite dans les familles, certes parfois divisées, pour nous révéler un amour plus grand qui est grâce et vérité. Il nous entraîne à sa suite pour aimer comme Lui, sobrement, avec réalisme et avec l’intelligence du cœur qui nous détache de nos constructions intellectuelles et de nos propres passions, cause de nos désordres affectifs. Il n'est pas difficile d'aimer lorsque l'on est « payé » en retour. « Supportez-vous les uns les autres et pardonnez-vous mutuellement, si l’un a contre l’autre quelque sujet de plainte ; le Seigneur vous a pardonné, à votre tour faites de même. Et puis, par-dessus tout, revêtez-vous de charité en laquelle se noue la perfection.» (Col 3, 13- 14). N'est-ce pas une invitation à une certaine retenue dans l'amour, en
acceptant un peu plus nos limites avec le souci de la juste relation à l'autre et à soi (esprit, corps et âme) en ne cherchant pas à aimer " comme je le veux" ou à dominer l’autre ? Cette disposition de cœur n’est pas sans combat spirituel car elle nous entraîne à dépasser la recherche de nos satisfactions affectives immédiates ou de la guérison de nos blessures.
Le pape complète ceci ainsi :
« nous sommes invités à vivre de miséricorde parce qu’il nous a d’abord été fait miséricorde. Le pardon des offenses devient l’expression la plus manifeste de l’amour miséricordieux, et pour nous chrétiens, c’est un impératif auquel nous ne pouvons pas nous soustraire. Bien souvent, il nous semble difficile de pardonner ! Cependant, le pardon est le moyen déposé dans nos mains fragiles pour atteindre la paix du cœur. Se défaire de la rancœur, de la colère, de la violence et de la vengeance, est la condition nécessaire pour vivre heureux. Accueillons donc la demande de l’apôtre : « que le soleil ne se couche pas sur votre colère » (Ep 4, 26). »
Vincent (Bordeaux) – AQUITAINE
En raison de sa longueur, ce développement est publié sur plusieurs numéros [NdlR]
La bulle d’indiction Misericordiae Vultus du pape François
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