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seminaire-namurLe 6 avril 2011, Jeanine et moi avons eu l’occasion d'intervenir au séminaire de Namur dans le cadre d’un cours de morale familiale et sexuelle dispensé par le professeur Marc Hebbelinck. Il y avait dix-neuf séminaristes de divers pays, et deux assistantes pastorales. Ce fut un moment important, tant pour nous que pour les participants, et pour lequel nous rendons grâce au Seigneur.

Comment l’idée est-elle née ? Depuis plusieurs années, Alain Mattheeuws, professeur à l’Institut d’études théologiques à Bruxelles, fait intervenir la Communion dans le cadre de son cours sur le sacrement de mariage, cours suivi principalement par des séminaristes. Ainsi nous est venue l’idée de contacter d’autres séminaires.
Lors de la première messe de Mgr Léonard en tant qu’archevêque, le 27 février 2010, j’ai rencontré Marc Hebbelinck, directeur des études au séminaire de Namur. J’ai pu lui partager ce que je vivais et lui ai proposé de venir témoigner devant les séminaristes. Les mois ont passé... Heureusement l’Esprit-Saint veille, car fin mars, il m’a soufflé de reprendre contact avec M. Hebbelinck, juste à temps pour pouvoir intervenir durant son cours du 6 avril. La prochaine occasion aurait été… dans quatre ans, donc trop tard pour cette promotion-là.


Pourquoi s’adresser aux séminaristes ? Les prêtres déjà en fonction sont souvent débordés, ont déjà pris un certain pli, et sont dispersés dans les paroisses. Les séminaristes, eux, sont encore en formation, et leur parler du sacrement de mariage et de la fidélité comme nous le faisons, leur fait prendre conscience de la beauté et de l’exigence de cet engagement. En même temps, ils prennent connaissance de l’existence de la Communion et, sachant que la fidélité est un chemin possible, ils sauront rediriger les personnes.
L’objectif de notre intervention n’était pas seulement de donner nos témoignages (pourtant nécessaires dans la mesure où ils nous donnent toute crédibilité) mais aussi de parler du sacrement de mariage et de donner des pistes pastorales concrètes, tant pour la préparation au mariage que pour l’accompagnement des personnes séparées ou divorcées. Nous avons notamment recadré la finalité du mariage, parlé de la pastorale qui doit toujours allier miséricorde ET vérité, et incité au courage et à l’exigence, tant dans la préparation au mariage que dans l’accueil des personnes en situation de séparation.
Nous avons rappelé, en nous référant au discours sur la montagne (Mt 5, 1-48) que cette exigence n’est pas imposée par l’Eglise mais qu’elle est énoncée par le Christ lui-même.
« L’ensemble de l’enseignement et toute la tradition de l’Eglise, le témoignage et les écrits des saints et des martyrs sont un trésor qu’il faut absolument garder, et dont vous devez, en tant que futurs prêtres, vous laisser imprégner, pour pouvoir faire face et résister à la pression à laquelle vous allez être soumis. »
Les questions que nous avons eues furent pertinentes, les retours positifs. Ce qui les a marqués fut notre demande de clarté et de paroles de vérité, contrastant avec les recommandations de certains de leurs professeurs qui les incitaient en général plutôt à la prudence afin de « ne pas blesser ».
Pour l’avenir, il nous semble adéquat de faire passer notre message dans les différents lieux de formations, car les participants y sont réceptifs. Ainsi, en plus des séminaristes, nous espérons pouvoir toucher les futurs diacres, qui se retrouvent souvent responsables de la pastorale de la famille, ainsi que les futurs assistants ou animateurs pastoraux.
Confions cette mission au Seigneur, et qu’il soit fait selon sa volonté.

 


Martin, Jeanine, nous tenons tous à vous remercier infiniment tous les deux. marc-hebbelinckD'abord pour ce très beau témoignage que vous avez donné dans la première partie.  Et puis aussi pour tout l'aspect pastoral que vous avez souligné et qui nous concerne évidemment au tout premier plan.
Je pense que tous les séminaristes et les assistantes paroissiales ici présents me rejoignent en disant combien nous avons été heureux d'entendre parler de la beauté du mariage, de la grâce du sacrement de mariage, qui, comme vous l'avez rappelé, est toujours active, toujours présente au sein du couple y compris au sein du divorce.
Vous avez souligné le but du mariage ; vous avez dit ce que j'avais déjà dit aux séminaristes, à savoir que l’un des buts du mariage, c'est évidemment d'être heureux ensemble, mais aussi de vouloir rendre l'autre heureux.  Et vous avez ajouté - ce que j'ai beaucoup apprécié - qu'il y a un deuxième but.  Je le relève tout particulièrement ici devant l'auditoire : c'est - entre autres dans le cas du divorce - de sauver l'autre et de le porter au ciel.  Je dis "entre autres au sein du divorce" mais pas uniquement.
Je crois que dans tout couple, nous sommes invités par la prière, par notre agir, à sauver, à aider l'autre à être sauvé par le Christ et à pouvoir connaître le bonheur éternel.
Rencontrer le Christ demande la conversion. Vous avez aussi souligné une chose qui m'a fort frappé, c'est l’importance de rencontrer des personnes bienveillantes qui aident les couples en difficulté à rester fidèles.
Je pense que c'est un des buts premiers que l'on doit poursuivre dans la pastorale du mariage. Car trop souvent les gens ne sont pas assez bienveillants, trop souvent les gens ne se sentent nullement secondés pour rester fidèles. 
Et vous avez bien insisté, non pas sur n'importe quelle fidélité, mais sur une fidélité très concrète : fidélité au Christ, à l'enseignement et à la tradition de l'Eglise. Vous avez rappelé ces belles paroles du discours sur la montagne, vous avez fait écho aux prophètes et aux saints.  Eh bien oui, nous avons tous, quel que soit notre état, à être prophètes dans ce monde d'aujourd'hui !
Vous nous avez dit qu'il était important à vos yeux - et je crois que ça allait pour nous tous, que ce doit l'être pour tous les chrétiens – de ne pas rabaisser la foi que nous avons reçue au baptême comme un héritage extraordinaire. Cette foi n'est pas une foi au rabais, et donc nous devons absolument tout faire pour que cette banalisation dont vous parliez dans la première partie de votre exposé - cette banalisation qui blesse, et qui blesse tout particulièrement ceux et celles qui veulent rester fidèles – pour que cette banalisation puisse petit à petit disparaître, au moins au cœur de la chrétienté.  Pour qu'on puisse prendre conscience au cœur de la chrétienté de l'importance de l'engagement pris.
Je vous remercie tous les deux infiniment au nom de tout l'auditoire pour ce que vous avez apporté par vos témoignages et par votre enseignement.

 


Quelques jours plus tard, les modérateurs ont adressé au professeur Marc Hebbelinck un message de remerciement dont voici un extrait : « Cher Monsieur, Nous vous sommes vivement reconnaissants d’avoir bien voulu donner la parole à Martin et Jeanine, membres de notre Communion. Nous croyons en effet que notre témoignage peut encourager les prêtres à annoncer, en dépit de l'air du temps, la grandeur et la fécondité du mariage et à oser dire que la fidélité est possible, quelles que soient les épreuves... » Message auquel le professeur a répondu en ces termes :
« C'est avec joie et reconnaissance que les séminaristes et moi-même avons accueilli Martin et Jeanine. Leur témoignage à chacun était très émouvant en même temps que riche d'enseignement. Leur approche pastorale a été et sera, j'en suis sûr, d'une particulière fécondité pour l'avenir de ces séminaristes dont j'ai la responsabilité partagée avec tous mes confrères.
Cela fait beaucoup de bien dans un monde aussi perturbé que le nôtre de rencontrer des personnes divorcées, fidèles au bel engagement du mariage sacramentel, et désireuses d'en rendre compte par de solides convictions de foi tout en exposant sereinement aussi les souffrances qui sont inévitablement liées à leur situation matrimoniale.
Merci encore de tout cœur à tous deux d'avoir osé proposer cette parole de libération ! »