Toute vie chrétienne est placée sous le signe de la croix. La croix est en effet le signe de l’amour tel que Jésus l’enseignait à ses disciples : Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime (Jn 15, 13).
La croix en désigne aussi le fruit, le salut et l’espérance, quand Jésus crucifié s’écrie : Père pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font (Lc 23, 33-34).
Mais tout homme ne déchiffre pas ainsi le signe de la croix. Un musulman me répliqua un jour : « Vous les chrétiens, vous adorez la croix. Mais quelle horreur ! On ne peut pas adorer un instrument de supplice ! »
La croix fait partie de la culture chrétienne, les satanistes s’en servent même à l’envers. Malgré un patrimoine encore très visible, notre civilisation occidentale en a semble-t-il perdu le sens. Alors la croix… bénédiction ou malédiction ?
Ce signe renvoie bien entendu à Celui qui est cloué dessus. Et ce lynchage mémorable dont on oublie parfois l’insoutenable atrocité condense en un mot le signe et la réalité du salut apporté au monde. Dieu a tant aimé le monde qu’il a livré son propre Fils… non pour condamner le monde mais pour que le monde soit sauvé par lui (Jn 3, 16). Ce signe proclame que Jésus est Dieu, qu’il est mort pour nous racheter de nos péchés et qu’il renverse la malédiction du péché et de la mort. Voilà pourquoi la croix est devenue malédiction pour Satan et bénédiction pour les hommes qui, humblement, veulent être sauvés. Elle est le signe de Jésus. Elle est le signe des chrétiens.
Pour Jésus, l’ombre de la croix planait déjà au-dessus de la crèche ! Car Hérode manifestait la furie des hommes menacés par la venue de Jésus, Prince de la Paix. Et pourtant les saints Innocents fêtés au lendemain de Noël nous montrent comment l’Eglise et la foi chrétienne nous appellent à lire les événements de l’histoire, de notre histoire, dès les commencements. Et le tyran a échoué.
L’ombre de la croix s’imprimait déjà sur le cœur de l’Apôtre Pierre et des douze quand, à plusieurs reprises, ils ont pensé abandonner Jésus qui leur avait demandé de tout quitter pour lui. Pourtant ces mises à l’épreuve de l’Eglise naissante devaient affermir ses colonnes et manifester la puissance de Dieu à travers toutes les difficultés et les drames de l’existence humaine sur la terre. Et la barque n’a pas coulé.
L’ombre de la croix a été projetée sur toute la surface du monde, quand à la mort de Jésus, il y eut ce bien mystérieux tremblement de terre. Dans une apparente déréliction, tout est accompli (Jn 19, 30). Marie est là, debout aux pieds de son Fils, son Dieu qui meurt. Pourtant Satan et son empire sont renversés car l’amour de Dieu sur la croix vient de sceller définitivement l’Alliance nouvelle avec l’humanité. Et Marie devient pour nous la nouvelle Arche d’alliance.