ADF 348 pere GregoireLa douceur de la miséricorde se touche du doigt au sanctuaire marial du Laus. De ma première expérience, en ce lieu de la plus longue apparition mariale reconnue par l'Église, je retiens cette douceur de l'apprentis- sage de la miséricorde divine envers les pécheurs. Elle s'est manifestée aussi bien d'un point de vue matériel que spirituel. 

J'évoque d'abord la douceur du cadre de ce sanctuaire dans l'écrin des montagnes des Alpes du sud. Il n'y a pas l'aspect imposant des montagnes comme au sanctuaire de La Salette. Au Laus les montagnes ne vous toisent pas ; elles vous ouvrent leurs bras comme pour vous élever vers le Ciel. 

Les bâtiments aussi sont accueillants ; à commencer par ceux de la restauration qui sont lumineux, peu sonores, et qui proposent une nourriture vraiment excellente du petit-déjeuner au dîner. Le chef de salle était aux petits soins pour notre retraite en silence. Le hall d'accueil du bâtiment des logements est aussi agréable : les chambres bien isolées avec une literie confortable. 

Bien sûr, la petite église des apparitions, d'abord petite chapelle de « Bon Rencontre » jusqu'en 1664, année des premières apparitions, agrandie en l'église actuelle en 1669, où la Vierge Marie s'est si souvent entretenue avec Benoîte. Elle est toute remplie de cette douceur à la fois simple et mystérieuse. Tant de pèlerins ont reçu des guérisons en ce lieu par le sacrement de réconciliation. 

LeonardLa petite rotonde à l'extérieur où nous avons célébré l'eucharistie chaque matin, nous a permis de profiter de la douceur des températures en ce beau mois d'août. La messe de la Transfiguration du jeudi 6 août m'a particulièrement ému. Elle était présidée par l'archevêque émérite de Bruxelles, Monseigneur André Léonard, chapelain du sanctuaire, avec le cardinal Barbarin à ses côtés. L'affection de l'archevêque pour la CNDA était toute empreinte de douceur et de la sollicitation pastorale du Bon Pasteur. 

ADF 348 Pere Ludovic frereLe recteur du sanctuaire, le père Ludovic Frère, est à l'image de cette douceur de miséricorde. Il a toujours été disponible pour ré- pondre aux questions d'organisation des temps de prière de la retraite. L'un de ses petits traités spirituels, « Les Benoîtines », conçu par son auteur comme des petites sucreries à déguster sans modération, nous situe bien dans ce registre de la douceur. Saint Louis- Marie Grignion de Montfort, ce missionnaire apostolique qui évangélisa si bien l'Ouest de la France à la même période où Benoîte entretenait l'école de la miséricorde du Laus, employait volontiers le vocabulaire de la douceur pour évoquer le rôle de Marie dans la difficile conversion par la croix du Sauveur. 

Je finis la description des moments de douceur par le meilleur, c'est-à-dire les enseignements du cardinal Barbarin. Comme nous le savons bien, ce dont le monde a besoin aujourd'hui pour croire ce ne sont pas des maîtres de sagesse, mais des témoins de la Sagesse incarnée qu'est le Christ Jésus. Sur ce registre, nous avons été copieusement servis par ce successeur des apôtres, archevêque émérite de Lyon. Certainement, l'épreuve judiciaire qui venait de s'achever par son acquittement l'a façonné de l'intérieur pour être ce témoin vivant exceptionnel de la douceur de la miséricorde dans la fidélité du « oui » de Jésus-Christ. Il était remarquable de constater sa proximité avec le type d'épreuves traversé par les membres de la CNDA : il était comme en résonance de miséricorde avec la croix de chacun. 

NDLausMême aux moments des plus intenses combats contre le mal vécus par Benoîte, la douceur de la Vierge Marie était sa force. Et puisque les saints au Ciel sont nos plus grands amis, achevons par son contemporain, le père de Monfort, qui n'a pas peur d'utiliser l'expression insolite de « confiture de croix » pour décrire le rôle de Marie dans l'accueil de la douceur associée à l'amertume des croix de ceux qui se confient en elle : « cette bonne Mère, toute pleine de grâce et de l'onction du Saint-Esprit, confit toutes ces croix qu'elle leur taille dans le sucre de sa douceur maternelle et dans l'onction du pur amour : en sorte qu'ils les avalent joyeusement comme des noix confites, quoiqu'elles soient d'elles-mêmes très amères. Et je crois qu'une personne qui veut être dévote et vivre pieusement en Jésus-Christ, et par conséquent souffrir persécution et porter tous les jours sa croix, ne portera jamais de grandes croix, ou ne les portera pas joyeusement ni jusqu'à la fin sans une tendre dévotion à la sainte Vierge, qui est la confiture des croix : tout de même qu'une personne ne pourra pas manger sans une grande violence, qui ne sera pas durable, des noix vertes sans être confites dans le sucre. » (Le Secret de Marie, n° 22). 

Que vive ainsi la Communion Notre-Dame de l'Alliance dans la douceur de la miséricorde divine assistée continuellement par la Vierge Marie, refuge des pécheurs. 

Père Grégoire Cieutat