Mes frères et sœurs bien aimés,
Voici qu’arrive la Nativité. Fête attendue par certains, redoutée par d’autres. Car elle va nous faire goûter à la joie d’une réunion familiale ou au contraire à l’amertume de la solitude. Dieu la connaît, cette solitude, il la rejoint, il vient l’habiter, il vient y naître.
Dieu a choisi la pauvreté pour y naître : la pauvreté de nos existences. Car il n’y avait pas de place dans la salle commune (Lc2, 7). Trouvera-t-il de la place aujourd’hui ? Dieu pourra-t-il naître dans nos cœurs à nous ? Allons-nous lui ouvrir nos foyers, et accueillir d’autres plus pauvres encore que nous ? La bonne nouvelle n’est bonne que si elle est partagée.
L’ange du Seigneur se présenta devant eux, et la gloire du Seigneur les enveloppa de sa lumière. Ils furent saisis d’une grande crainte. Alors l’ange leur dit : « Ne craignez pas, car voici que je vous annonce une bonne nouvelle, qui sera une grande joie pour tout le peuple : (Lc2, 9- 10). Les bergers, les petits, les simples sont les premiers à venir adorer l’Enfant Jésus. Bien plus tard arrivent les Rois Mages. Les puissants ont un long chemin à faire avant de trouver le Christ. Les petits, les simples, les pauvres sont déjà sur place, car c’est chez eux que Dieu désire naître. Notre séparation nous a rendus pauvres, soudainement ou progressive- ment. Mais elle nous a rapprochés de Dieu. La séparation est un chemin de renoncement, de dépouillement, qui nous a contraints à lâcher nos certitudes, pour nous accrocher à la seule certitude qui compte : le Christ.
Et voyez de quelle manière il vient à nous ! Celui qui vient nous sauver, se rend entièrement dépendant de nous. Quel paradoxe. Dieu Insondable, notre esprit humain est décidément trop étroit pour saisir ton mystère. Mais comme tu dois nous aimer pour venir ainsi à notre secours !
Un nouveau-né vient sauver l’humanité entière. Dieu nous montre ainsi que le salut vient par l’amour, et l’amour est par essence vulnérable.
Premier tabernacle sur terre, Marie a accueilli le Christ pour lui donner corps.
L’incarnation est une composante essentielle de notre foi. Quel trésor inépuisable ! La théologie du corps de saint Jean-Paul II appelle à être
approfondie, tant elle est actuelle. La création, le Christ qui prend corps en Marie, l’Eucharistie, l’union conjugale, la chasteté, la procréation, tant de lieux où Dieu s’unit à notre humanité. Tant de lieux de combat aussi que le Malin veut atteindre.
Notre couple, notre famille en a souffert, et en souffre encore. Pourtant, nous pouvons être dans la joie, car le Sauveur vient naître dans notre misère pour la transformer en allégresse. Et plus grande est la misère, plus grande sera la joie car le Fils de l’homme vient y demeurer, pour la transfigurer.
Dans l’Evangile de Jean, le Christ dit à Nicodème : Ce qui est né de la chair est chair ; ce qui est né de l’Esprit est esprit. Ne sois pas étonné si je t’ai dit : il vous faut naître d’en haut. (Jn3, 6-7). Oui, par notre baptême, nous sommes nés d’en haut. Par le Christ et avec le Christ. Par notre sacrement de mariage, nous sommes unis "en haut". Par le Christ et avec le Christ. Réalité surnaturelle qui demeure, car c’est le Seigneur lui-même qui s’y est engagé pour toujours. Gloire à Dieu !
Et soudain, il y eut avec l’ange une troupe céleste innombrable, qui louait Dieu en disant : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes, qu’Il aime. » (Lc 2, 13-14). Oui, tu nous aimes d’un amour infini. Tu nous combles, afin que nous puissions nous aussi aimer, toujours plus, toujours mieux. T’aimer en retour, nous aimer nous-mêmes et aimer notre prochain. En premier, notre prochain le plus proche, notre conjoint. Viens naître en mon cœur, Jésus, pour qu’il fasse ce pour quoi il est créé : aimer.
Joyeux Noël, mes frères et sœurs bien aimés ! Et gloire à Dieu au plus haut des cieux !
Martin