Mes frères et sœurs bien aimés 

edito335Tout change et rien ne change. Nous ne sommes plus des "SDF", mais des "MSF". Mariés séparés fidèles, voici ce qui définira désormais la Communion Notre- Dame de l’Alliance. Au lieu de nous identifier comme "séparés", alourdis ensuite par le mot "divorcés", nous nous délestons de la réalité civile pour revêtir notre identité première – mariés – une réalité spirituelle, surnaturelle, une réalité d’en haut. « Si donc vous êtes ressuscités avec le Christ, recherchez les réalités d’en haut : c’est là qu’est le Christ, assis à la droite de Dieu. » (Col 1, 1) 

Cela change tout, de nous considérer comme des personnes mariées, de nous présenter comme des personnes mariées. Et en même temps, rien ne change puisque nous restons dans la continuité de notre engagement, de notre "oui". « Que votre parole soit "oui", si c’est "oui", "non", si c’est "non". Ce qui est en plus vient du Mauvais. » (Mt 5, 37) 

Cela semble une évidence et pourtant dans le monde actuel, jusque dans l’Eglise de notre monde occidental, nous nous avérons être un signe de contradiction. « Syméon les bénit, puis il dit à Marie sa mère : "Voici que cet enfant provoquera la chute et le relèvement de beaucoup en Israël. Il sera un signe de contradiction. » (Lc 2, 34) Cet enfant, c’est le Christ. Le Christ présent dans le sacrement de mariage, signe de l’alliance entre Dieu et son peuple. 

Etre marié, jusque dans la séparation, c’est une contradiction, plus encore dans un monde qui ne croit plus au mariage. Sans mérite aucun de notre part, le Christ fait de nous, par sa grâce, les "heureux" des Béatitudes. Et Il nous dit, à nous, témoins particuliers de la grâce du sacrement de mariage : « Vous êtes le sel de la terre. Mais si le sel devient fade, comment lui rendre de la saveur ? Il ne vaut plus rien : on le jette dehors et il est piétiné par les gens. Vous êtes la lumière du monde. Une ville située sur une montagne ne peut être cachée. Et l’on n’allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau ; on la met sur le lampadaire,  et elle brille pour tous ceux qui sont dans la maison. De même, que votre lumière brille devant les hommes : alors, voyant ce que vous faites de bien, ils rendront gloire à votre Père qui est aux cieux. » (Mt 5, 13-16). 

La fidélité, promise un jour pour toujours à l’élu(e) de notre cœur, c’est le Christ qui l’a inscrite en nos cœurs. Une fidélité pauvre, qui n’est rien par et pour elle-même, qui n’est féconde que si elle vient du Christ. « Demeurez en moi, comme moi en vous. De même que le sarment ne peut pas porter de fruit par lui-même s’il ne demeure pas sur la vigne, de même vous non plus, si vous ne demeurez pas en moi. Moi, je suis la vigne, et vous, les sarments. Celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là porte beaucoup de fruit, car, en dehors de moi, vous ne pouvez rien faire. » (Jn 15, 4-5)

L’épreuve que nous traversons avec le Christ, le Seigneur s’en sert pour faire grandir en nous la foi, l’espérance et la charité. 

La Foi : « Et Dieu ne ferait pas justice à ses élus, qui crient vers lui jour et nuit ? Les fait-il attendre ? Je vous le déclare : bien vite, il leur fera justice. Cependant, le Fils de l’homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ? » (Lc 18, 7-8). Le Christ ne peut faire de miracle que si la personne qui le demande a la foi. Avons-nous la foi ? Osons-nous demander l’impossible à Jésus ? 

La Charité : le Christ nous invite à aimer. « Mon commandement, le voici : Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime. » (Jn 15, 12-13). Aimer notre époux, notre épouse. Sans l’amour, notre fidélité est vaine. Rester fidèle au conjoint absent, qui nous a quitté ou qu’on a dû quitter, c’est une manière de donner sa vie.
Redire "oui" avec notre cœur, c’est choisir de continuer à l’aimer, jusqu’au bout, tel qu’il ou elle est aujourd’hui. 

L’Espérance : saint Paul évoque pour nous l’exemple d’Abraham qui a cru et patienté. « Espérant contre toute espérance, il a cru ; ainsi est-il devenu le père d’un grand nombre de nations, selon cette parole : "Telle sera la descendance que tu auras ! » (Rm 4, 18). Qu’espérons-nous donc, précisément dans notre situation de marié-séparé-fidèle ? 

edito335 1Le retour de notre conjoint ? Le Père a bien attendu patiemment son fils prodigue, qui a eu l’occasion d’entrer en lui-même pour se reconnaitre pêcheur et retourner avec humilité à la maison. Mais à l’exemple de Dieu qui respecte notre liberté, nous avons à respecter celle de notre conjoint. Nourrir cette espérance d’un retour ne veut pas dire revenir à la situation d’avant, mais au contraire croire en la toute- puissance de Dieu de nous convertir l’un et l’autre, nous guérir l’un et l’autre. 

La réconciliation avec notre conjoint ? Bien sûr ! Comment prétendre rester fidèle à son conjoint - et au Christ - et en même temps se fermer à une réconciliation ? Mais nous savons que la réconciliation peut prendre beaucoup de temps et des formes bien différentes. Et avant tout, elle demande la conversion de notre cœur. 

Le salut de notre conjoint ? Plus que tout. Ce n’est pas une question de choix mais d’engagement. Nous sommes responsable de son salut tout comme notre conjoint l’est du nôtre. Le sacrement est un don pour la sanctification et le salut des époux, car « s’appartenant l’un à l’autre, ils représentent réellement, par le signe sacramentel, le rapport du Christ à son Église. Les époux sont donc pour l’Église le rappel permanent de ce qui est advenu sur la croix. Ils sont l'un pour l'autre et pour leurs enfants des témoins du salut dont le sacrement les rend participants » (AL72). 

Ainsi uni pour la vie à notre conjoint par le Christ vérité et sacrement de mariage, nous allons vers le Christ vie et salut, en passant par le Christ chemin et sacrement de l’eucharistie et de la réconciliation. « Moi, je suis l’alpha et l’oméga, le premier et le dernier, le commencement et la fin. » (Ap 22, 13). La finalité de notre mariage doit toujours être ramenée à son origine afin de former une unité dans l’espace et le temps. Tout ce que nous vivons et ce vers quoi nous tendons trouve son origine dans l’engagement pris un jour pour toujours, et où le Christ lui-même, don par excellence, s’est livré. Pour la gloire de Dieu et le salut du monde. 

Martin, heureux d’avoir pu servir par la grâce de notre Seigneur