Enseignements

enseignement 347 1« La prédication de Pierre, le jour de la Pentecôte, transperce le cœur du peuple : "Celui que vous avez crucifié est ressuscité" (Ac 2,36). "Les auditeurs furent touchés au cœur ; ils dirent à Pierre et aux autres Apôtres : ‘Frères, que devons-nous faire ?’” (Ac 2,37). Et Pierre est clair : "Convertissez-vous. Convertissez-vous. Changez de vie. Vous qui avez reçu la promesse de Dieu et qui vous êtes éloignés de la Loi de Dieu, pour tant de choses, des idoles… Convertissez-vous. Revenez à la fidélité." (Ac 2,38). 

Se convertir c’est cela : recommencer à être fidèle. La fidélité, cette attitude humaine qui n’est pas si commune dans la vie des gens, dans notre vie. Il y a toujours des illusions qui attirent notre attention et si souvent nous les suivons. La fidélité : dans les bons moments et dans les mauvais moments. Il y a un passage du Deuxième Livre des Chroniques qui me touche beaucoup. C’est au début du chapitre XII. “Quand Roboam eut affermi sa royauté et fut devenu fort, il abandonna la Loi du Seigneur, et tout Israël le suivit.” (2 Chron. 12,1). C’est ce que dit la Bible. C’est un fait historique, mais c’est un fait universel. 

Si souvent, lorsque nous nous sentons sûrs de nous, nous commençons à faire nos projets et nous nous éloignons lentement du Seigneur ; nous ne restons pas fidèles. Et ma sécurité n’est pas celle que me donne le Seigneur. C’est une idole. C’est ce qui est arrivé à Roboam et au peuple d’Israël. Il s’est senti sûr – son royaume était consolidé -, s’est éloigné de la loi et a commencé à rendre un culte aux idoles. Oui, nous pouvons dire : "Père, je ne m’agenouille pas devant des idoles". Non, peut-être que tu ne t’agenouilles pas, mais que tu les cherches et que tu les adores dans ton cœur. Si souvent, avoir sa propre sécurité ouvre la porte aux idoles.

Mais sa propre sécurité est mauvaise ? Non, c’est une grâce. Être en sécurité, mais être en sécurité aussi parce que le Seigneur est avec moi. Lorsqu’il y a la sécurité et moi au centre, je m’éloigne du Seigneur, comme le roi Roboam, devenu infidèle. Il est si difficile de rester fidèle. Toute l’histoire d’Israël, et puis toute l’histoire de l’Eglise est pleine d’infidélité. Pleine. Pleine d’égoïsmes, de sécurités qui font s’éloigner le peuple de Dieu du Seigneur, qui lui font perdre cette fidélité, la grâce de la fidélité. Entre nous aussi, entre les personnes, la fidélité n’est pas une vertu bon marché. Celui-là n’est pas fidèle à l’autre, etc. "Convertissez-vous, revenez à la fidélité du Seigneur" (Ac 2,38).

enseignement 347 2Dans l’Évangile, l’icône de la fidélité c’est cette femme fidèle qui n’avait jamais oublié tout ce que le Seigneur avait fait pour elle. Elle était là, fidèle, devant l’impossible, devant la tragédie, une fidélité qui lui fait aussi penser qu’elle est capable de porter le corps… (Jn 20,15). Une femme faible, mais fidèle. L’icône de la fidélité de cette Marie Madeleine, apôtre des apôtres.

Demandons aujourd’hui au Seigneur la grâce de la fidélité : de le remercier quand Il nous donne des sécurités, mais de ne jamais penser que ce sont "mes" sécurités et toujours regarder au-delà de ses sécurités ; la grâce d’être fidèles aussi devant les sépulcres, devant l’écroulement de tant d’illusions. Il n’est pas facile de garder la sécurité qui demeure toujours. Que le Seigneur nous protège.

Homélie du pape François pour le mardi de Pâques 14 avril 2020,
traduite par Anne Kurian (Zenit) et communiquée par Marie (La Riche)

Les mots s’abîment quand un usage abusif les maltraite. A notre époque, sous le prétexte de faire image, que d’exemples de telles dérives pourraient être cités, comme l’utilisation du mot « messe » pour qualifier de grands rassemblements sportifs dans les stades. Bien des expressions religieuses sont, de la sorte, détournées de leur signification première, à commencer par le mot clef de l’Evangile, « charité ».

L’objet précis de ce billet est de tenter d’éclairer en quoi l’emploi du mot « vocation », quand il s’agit du mariage, utilise à bon escient ce terme du vocabulaire chrétien. En quelques enjambées, il faut revenir au parcours des hommes que le Seigneur appelle tout au long de la Bible. Ce n’est pas un détour superflu pour répondre à la question.

Un peuple d’appelés au mystère de l’alliance
Quand il s’agit de la question du couple, la référence première demeure celle du livre de la Genèse avec le récit de la création. « Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il le créa ; homme et femme il les créa. Dieu les bénit et Dieu leur dit : “Soyez féconds et prolifiques, remplissez la terre et dominez-la.” » (Gn 1, 27-28). 

adf 343 enseignement 1Ici, quelques jalons suffisent, mais j’aime évoquer l’appel de l’enfant Samuel, enfant du miracle pour Anne et Elqana (1 S 1). Samuel entend un appel personnel dans la nuit, dont il ne comprend l’origine que grâce à l’expérience spirituelle d’un grand priant, le prêtre Eli que Samuel servait dans le Temple du Seigneur. 

Enfin, selon le bel arbre de Jessé, le fruit de ce parcours du peuple de l’alliance sera Marie, la fille de Sion, la Mère de Jésus. Marie par son Fiat, son oui à Nazareth, répond à l’appel du messager de Dieu, en consentant à l’action de l’Esprit Saint qui la prend sous son ombre. Marie achève en sa personne la révélation de la tendresse de Dieu pour son peuple et pour tous les enfants des hommes. Le Seigneur appelle chacun par son nom.

Du mot vocation
L’Eglise a reçu du Christ la mission d’annoncer l’Evangile et de baptiser au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Le baptisé devient ainsi enfant de Dieu et frère du Christ, et par là même membre de l’Eglise. Avec la grâce de Dieu, sa vocation sera de vivre pleinement cette condition de personne à l’image de Dieu, faite pour aimer et être aimée en suivant le chemin que Jésus nous montre.

L’usage ecclésial du mot « vocation » a son importance. Il a une histoire. Si tout baptisé est appelé à la sainteté de sa condition d’enfant de Dieu, le mot vocation a été employé de façon caractérisée pour parler de la vocation de prêtre ou de religieux(se). Il faut reconnaître que l’emploi du terme a été comme parasité par une hiérarchisation compréhen-sible mais qui n’est pas sans conséquence. Y a-t-il une voca-tion supérieure aux autres ? Je crains là une dérive dangereuse pour la liberté du discernement.

adf 343 enseignement 4Le mariage comme vocation
Il a fallu une longue maturation de la pensée chrétienne sur la vie du couple pour que, libre d’une fausse hiérarchisation, apparaisse en pleine lumière combien le mariage était lui aussi vocation, chemin de sanctification, et non pas la route de ceux qui n’avaient pas le courage de faire "mieux". A cet égard, je ne cache pas tout ce que j’ai reçu du Père Caffarel que j’ai vu régulièrement jusqu’à la veille de sa mort.

Nous sommes tous appelés à la sainteté par des chemins différents. Si le mariage n’était pas vocation à la sainteté, pourquoi l’Eglise aurait-elle l’audace de célébrer l’alliance conjugale comme chemin de sanctification ? La spiritualité conjugale nourrit cette compréhension de l’alliance vitale de l’époux et de l’épouse dans leur donation mutuelle où le mystère du salut en Jésus-Christ est à l’œuvre.

Le mariage n’usurpe pas d’être qualifié de « vocation » quand il est vécu comme le chemin de sainteté qu’est l’acte d’aimer. Il m’arrive de dire à des jeunes, qui me confient qu’ils sont « allés trop loin », que le péché n’est jamais « d’aller trop loin », mais de ne pas aller assez loin, au sens d’une courte vue. On n’aime jamais trop, mais on peut mal aimer : là serait l’imperfection ou le péché.

« Dieu est plus grand que notre cœur » (1 Jn 3, 20). Le parcours de notre vie est justement cette œuvre créatrice : laisser grandir notre cœur dans la force d’aimer à la manière de Jésus. Par le chemin du mariage, les époux peuvent grandir ensemble en leur cœur, croître dans l’amour pour le conjoint devenu le premier prochain au prix, certains jours, d’un déchirement. Il y a des souffrances qui ne sont pas signe de mort mais de croissance, comme le cœur de Jésus transpercé d’amour sur la croix. Cette croissance du cœur déborde sur les enfants et sur tous ceux qui sont reçus dans le foyer. Cette croissance permet que le mariage « devienne » vocation, qu’il soit progressivement vécu par les deux époux comme une vocation à la sainteté par et dans le mariage, grâce à l’entraide mutuelle.

Oserai-je dire et témoigner de ces fruits de sainteté que j’ai perçus à distance en voyant l’accompagnement par un des époux de son conjoint qui franchissait le passage de la mort. Comme je comprends l’audacieuse expression du Père Carré : « Compagnons d’éternité ».

Oui, l’amour conjugal dans la lumière de l’Evangile ne divise pas le cœur de l’homme et de la femme, comme si leur tendresse mutuelle était soustraite au Seigneur. C’est au cœur même de la tendresse des époux que le Seigneur est présent dans le mystère de la création, Lui qui « vit que c’était bon ».

adf 343 enseignement 5Certes le mariage n’est pas le but de la vie, le sacerdoce non plus. Mais le mariage est un chemin vers le Royaume de Dieu par l’alliance de ceux qui, ensemble, au jour des noces, ont bu à la coupe eucharistique, celle de « l’Alliance nouvelle et éternelle ». D’avance, ils ont uni ce don à l’offrande du Christ qui a aimé les siens jusqu’au bout.

C’est dans la sainteté des couples chrétiens, qui aujourd’hui peinent sur la route dans la fidélité à la vocation du mariage sacrement, que se prépare la naissance des enfants à qui le Seigneur demain fera signe par le « viens et suis-moi » de l’appel apostolique.

Mgr Guy Thomazeau,
évêque de Montpellier,
extraits du dossier n°107
« Le mariage, une vocation ? »

« Tout nouveau conseiller spirituel de la Communion Notre-Dame de l'Alliance, pour le groupe des Pays-de-la-Loire, j'ai eu la joie de participer pour la première fois à la retraite annuelle qui se déroulait cette fois à Saint-Laurent-sur-Sèvre. 

Les motifs d'action de grâce sont pour moi nombreux : joie de découvrir de l'intérieur ce beau mouvement d'Eglise, joie de rencontrer des frères et sœurs qui partagent très simplement et humblement leur témoignage, joie de vivre un temps fraternel avec les autres conseillers spirituels, joie de pouvoir vivre le ministère d'écoute et d'accompagnement, de confession et de conseil que le ministère paroissial ne nous laisse pas toujours le temps de vivre paisiblement, joie de bénéficier - au cœur de l'été - d'un temps de retraite dans le silence et la prière, joie d'un bel enseignement... sur la joie ! Merci aux organisateurs et merci à tous les participants pour la confiance et l'amitié qu'ils portent à leurs conseillers spirituels. » 

Père Benoît PIERRE, diocèse du Mans 

« C’est d’abord une retraite personnelle où l’on peut vivre de bons temps d’enseignements et de silence. C’est une retraite spirituelle et vraiment catholique avec des prêtres et évêques, des chrétiens engagés et radicaux. Enfin c’est un lieu de fraternité et d’écoute important. Nous sommes saisis par la force et la consistance de la CNDA qui est une réalité vivante au cœur de l’Eglise. Union de prières. » 

Père Benjamin BOISSON, communauté des Béatitudes, Nouan-le-Fuzelier 

« Cette retraite de la CNDA est toujours très saisissante. Que de croix et d’épreuves traversées. Que de solitudes. Et cette année Mgr Gosselin invitait les participants à trouver leur joie dans La Croix de Jésus. Encore une voie évangélique pour témoigner de la puissance du sacrement du mariage et de la beauté de la fidélité. C’est une grande grâce d’être présent comme prêtre pour prier, écouter, communier, servir. Puissent d’autres frères prêtres venir découvrir ce peuple de Dieu, l’église de l’évangile du oui joyeux, souffrant et glorifiant en Jésus et en Marie. » 

Père Bruno de BELLOY, diocèse de Saint Brieuc 

« Chacune des retraites de la CNDA est pour moi un vrai temps de grâce dans ma vie de prêtre et de religieux passionniste. Pourquoi ? Parce que je suis témoin des grandes souffrances et des grandes blessures dans le cœur de ces femmes et de ces hommes séparés fidèles. Parce que je suis témoin de leur foi, de leur joie, du travail de l'Esprit Saint, et de leur vie de prière. Parce que toutes ces personnes m'apprennent à marcher sur le chemin de la fidélité, de l'abandon, de la confiance en ce Dieu qui est miséricorde. » 

Père Guy SIONNEAU, passioniste (région parisienne)