Ce dimanche nous présente une page évangélique très inconfortable dans laquelle Jésus prend ses distances par rapport à une vérité qui dépend de l'opinion collective, si facile à manipuler. Notre époque a adopté le relativisme subjectif : on ne dit plus que les choses « sont », mais « à moi il me semble que les choses sont ». La vérité réside dans ce que pense la majorité, dans ce que décide la majorité, dans ce que rejette la majorité. Si bien que la nouvelle sagesse se nomme « statistiques » et le sein qui la fait naître sont les « urnes ». Les conséquences éducatives, sociales, politiques et familiales de ces principes sont impressionnantes.
Quel était l'usage particulièrement répandu parmi les juifs concernant le mariage ? Que cette union pouvait être dissoute, presque toujours en faveur de l'homme et, parfois, pour des raisons aussi extravagantes qu'un rôti brûlé. Le fait est que des pharisiens s'approchent de Jésus et, pour le mettre à l'épreuve lui demandent : « Est-il permis à un mari de renvoyer sa femme ? »
Comme à d'autres occasions, ce qui intéressait le plus les pharisiens n'était pas l'institution du mariage, ou les droits de la femme, peut-être même pas ceux de l'homme dans ce cas précis, mais de voir comment répondrait Jésus à une question aussi habilement captieuse. S'il répondait que cela n'était pas permis, il s'opposait à d'importantes écoles rabbiniques, et à une pratique majoritaire chez de nombreux juifs (en commençant par Hérode lui-même qui vivait en situation d'adultère avec la femme de son frère, situation que dénonça Jean Baptiste, ce qui lui coûta la vie). S'il répondait que cela était permis, on pouvait lui reprocher d'aller contre la Genèse en tant que projet originel de Dieu.
La réponse de Jésus fut claire : la vérité est la vérité, indépendamment de ce que disent les sondages d'opinion, la pratique majoritaire ou des statistiques quelconques.
Ce que Jésus propose, ce n'est pas un boulet au pied. Il propose de toujours recommencer, c'est-à-dire de toujours alimenter la flamme qui un jour a fait naître l'amour entre deux personnes. Ni l'amour ni la haine ne peuvent s'improviser : l'indifférence est le fruit d'un laisser-aller, d'avoir lentement éteint le feu de l'amour. Le jour du mariage est le jour où un homme et une femme commencent à se marier, en se répétant jour après jour, en toute circonstance ce « oui » qui ne fut que le point de départ. C'est parfois si complexe d'être fidèle, de pardonner, d'accueillir l'autre, de recommencer, que Dieu n'assiste pas au mariage comme un spectateur, mais comme un contractant (c'est un sacrement !) : le mariage chrétien est une affaire à trois, l'homme, la femme et Dieu. Ce qui est si souvent impossible pour le couple humain, ne l'est pas pour Dieu, qui fait aussi partie de ce mariage.
Document publié par ZENIT http://www.zenit.org/article-22150?l=french