catechese334 1Lors du dernier conseil, le Père François Potez, curé de Notre- Dame-du-Travail, nous a fait méditer sur ce sujet, dont voici quelques extraits.

« En introduction, je dirai que je suis émerveillé par l’amour de Dieu pour les hommes blessés.

L’homme a été créé à l’image de Dieu, c’est à dire capable de cet amour, de le recevoir, de l’échanger, face-à-face. Il existe une discontinuité absolue entre l’homme et l’animal : la frontière entre le végétal et l’animal est floue, mais la frontière entre l’animal et l’homme est claire, c’est l’esprit. Prenons l’exemple de la cathédrale de Vézelay : un chien n’y verra rien, il tournera autour des piliers, seul l’homme est saisi par l’esprit de la cathédrale.

 

L’intelligence du cœur fait qu’on touche à cette capacité de face-à-face, face-à-face d’amour, projet de Dieu pour l’homme, prélude de l’éternité. Dieu a inventé que, dans son aventure humaine, il pourrait vivre ce face-à-face (« Il les fit, homme et femme ») et la puissance de ce face-à-face d’amour va jusqu’à l’union des corps. Dans ce don réciproque d’amour, l’homme et la femme sont donc icône de Dieu. On devient une personne humaine dans le don réciproque de soi. Ecoutez le cantique d’Adam quand il découvre Eve : enfin, je deviens homme en face d‘elle. Je n’ai ma nature humaine que dans cette dépendance d’amour. C’est cette dépendance d’amour, cette union des deux qui fait la ressemblance avec Dieu.

La nudité est chemin de la découverte de la réalité du corps comme capacité de don. Mon corps est créé par Dieu pour être tout entier signe de don : don vers (homme), accueil pour féconder (femme).

Dans la théorie du "gender", comme le marxisme se basait sur le rapport de force riches/pauvres, ce face-à-face est travesti en un rapport de force homme/femme et toute l’histoire est revue sous cet angle. Le "gender" cherche à détruire l’homme pour permettre à la femme de dominer. On veut gommer cette identité fondamentale, et la sexualité n’est plus là que pour la jouissance, sans rien à voir avec la vie, le don de la vie.

Dieu a voulu que l’expression de l’amour soit le geste par lequel on peut porter la vie. Dans la Trinité, l’Esprit est le fruit du jaillissement de l’amour du Père et du Fils : le Père, l’amour donné ; le Fils, l’amour reçu et redonné ; l’Esprit Saint, l’amour jailli du Père et du Fils, source de vie. Ce jaillissement ne peut se faire que dans une communion d’amour.

Maintenant, le sexe ne servirait qu’au plaisir : « j’ai un partenaire pour jouir comme je veux » (diabolique). Alors que Dieu a inscrit dans l‘homme toute la profondeur de son mystère d’amour. La réalité naturelle du mariage est voulue par Dieu ; Dieu donne Adam à Eve et vice-versa : « voici ton épouse pour que tu puisses être toi, ce que tu es. » Réponse d’Eve dans le silence. Il existe une correspondance fondamentale de cet amour qui vient de moi mais qui est autre que moi.

catechese334 2La tentation, c’est Satan qui fait croire à Adam et Eve qu’ils seraient libres quand ils seraient indépendants de Dieu. C’est un mensonge meurtrier. Eve lui répond mais elle n’aurait pas dû répondre ou bien en parler avec son mari…  « Dieu et l’Eglise vous enferment dans un monde mais vous êtes assez grands pour décider de votre vie… Libérez-vous de cette Eglise… ». Ce n’est pas tellement la tentation qu’il faut fuir mais l’occasion de la tentation. « J’ai cru que je serais libre quand je serai indépendant… quand je me marie, je suis dépendant… » Alors que l’amour est une dépendance radicale qui est la source d’une véritable liberté. L’autonomie est bonne et nécessaire mais ce n’est pas de l’indépendance… quand j’ai coupé le lien, je me suis aliéné. C’est le lien qui rend libre… mon cœur est pris car il est donné. C’est Satan qui, par tous les moyens, nous fait regarder ce lien comme emprisonnant.

Le démon a voulu casser ce lien… mais la séparation ne brise pas le lien. Accepter une situation de fait, ce n’est pas briser ce lien… le maintenir, même quand je suis blessé, fait que je suis ce que je suis. La tentation est incroyablement subtile : où est réellement mon épanouissement ? ma liberté ? le sens de ma naissance ?

Ils découvrirent qu’ils étaient nus… Par moi-même je ne suis rien, dans le néant… la nudité était la révélation du don, du corps comme orienté dans le don. Après le péché, la nudité est signe du néant dans lequel je suis plongé, il y a déconnection du corps avec l’esprit, le corps-don devient corps-objet. Adam et Eve se cachent… Attitude du pécheur qui se cache aux yeux de Dieu, honte… « Où es-tu » dit Dieu ? Mais Dieu est Miséricorde… (voir sainte Marguerite-Marie, sainte Faustine et le Sacré-Cœur…)

catechese334 3Sur le portail nord de la "Sagrada Famiglia" à Barcelone, le Christ est représenté nu sur la Croix… Dieu est venu à la rencontre de l’homme, nu, cloué sur une croix… entre deux larrons, qui représentent deux chemins : soit le refus, soit l‘accueil de la miséricorde… et Adam peut enfin s’en sortir.

Saint Jean-Paul II a tenu à se laisser voir jusqu’au bout de son agonie par les caméras… c’était l’année eucharistique, en la fête de la Miséricorde… Devenir homme et femme a une dimension eucharistique et, identifié à l’eucharistie, l’amour est exposé. Amour qui s’impose ou amour qui s’expose. Dieu s’expose à une nudité pour me permettre de me renouveler, me redonner cette dignité. Le sacrement de l’histoire de l’humanité est le Christ sur une croix entre les deux larrons, refus/accueil… Le secret de la Rédemption est la vulnérabilité qui est vue comme un mal ou un empêchement de la vie (maladie / handicap / péché) alors que la vulnérabilité est une richesse incroyable.

Le Christ offert épouse l’Eglise en se donnant et établit ainsi le sacrement du mariage dans le don de son corps et de son sang. C’est un sacrement indéfectible car le don du Christ est éternel. Le Verbe fait l’offrande de lui-même au Père et par le Christ, le sacrement est le signe efficace de la relation des époux. La puissance sacramentelle, divine, du lien qui nous unit à notre conjoint, ce don demeure entier, au-delà de tout : j’ai gardé ce don, c’est toi le fragile que j’ai accueilli, et, par ta force, par ta grâce, j’ai gardé ce don. Je suis devenu moi-même, don exposé, nu, cloué sur une croix, qui m’a empêché de faire ce que j’aurais aimé faire. La grâce du sacrement prend parfois des chemins qu’on ne prévoyait pas, pour un chemin de sainteté. C’est la fidélité à ce chemin qui me conduit à la vie éternelle. Il n’y a pas d’autre chemin pour la vie que le chemin de la Croix. 

 On reconnait la Croix en ce qu’elle est absurde. Quelle serait la nécessité de la souffrance ? Mystère ? Le mystère ne se connaît qu’en entrant dedans, que si on l’accepte, si on en fait l’offrande : une souffrance ne prend sens que dans l’offrande. Mon corps, c’est la manifestation de cette offrande.  Marie est au pied de la Croix et Jésus a accepté que Marie soit au pied de la Croix. C’est une lumière pour chacune de nos souffrances, lumière du Calvaire qui va exploser à la Résurrection. Si je crois en la Résurrection, j’y puise ma fidélité au quotidien, rien dans ma vie n’échappe à l’amour de Dieu.

Cette souffrance devenue inéluctable à cause du péché, je vais en faire un chemin de vie, dit Dieu. Moi seul peux ouvrir ce chemin. C’est donc au cœur des difficultés que je fais mon bonheur. C’est l’Esprit qui fait toute chose nouvelle, dès que je m’ouvre, la lumière est donnée. L’indissolubilité du mariage n’est pas une contrainte de l’Eglise : c’est une grâce donnée par le Christ. C’est pour cela que votre amour tient bon. Vous entrez dans l’Eglise avec un amour humain, vous en ressortez avec un amour divin. »