adf 343 aquitaineComment êtes-vous devenu le Conseiller spirituel du groupe "Aquitaine" de la Communion ?

« C’est tout d’abord la Providence qui m’a conduit à rencontrer et à connaître la Communion Notre-Dame de l’Alliance. Une récollection était prévue fin janvier 2015, et le prédicateur a eu un empêchement de "dernière minute". Christiane, qui était co-responsable de la Communion, a pensé par l’intermédiaire de sa fille Anne, à contacter les frères Carmes. Anne, en effet, fait partie à Bordeaux d’un groupe de prière de spiritualité carmélitaine, composé de jeunes étudiants, et animé par l’un de nos frères. 

Christiane a donc contacté notre prieur pour demander si un frère était disponible pour assurer cette récollection. Je me suis alors proposé. Je ne connaissais pas du tout la Communion Notre-Dame de l’Alliance auparavant. Cette retraite s’est très bien passée, si bien que près de deux mois plus tard, j’ai été sollicité par Christiane et Madeleine, en recherche d’un conseiller spirituel pour la Communion. Avec l’accord de mon prieur, j’ai répondu « oui ».

Qu’est-ce qui a motivé ce « OUI » ?

« Tout simplement parce que lors de cette récollection, j’ai été très vite, très touché par les membres de la Communion. J’ai entre aperçu en chacun une profondeur intérieure, et surtout aussi, ce qui m’a le plus marqué, c’est que j’ai perçu très nettement un appel très fort du Christ à vivre cette fidélité au sacrement de mariage et à leur époux ou leur épouse. Aujourd’hui, ce qui m’est donné de voir, ce n’est plus l’appel qui est là, mais la réalité de cette communion de frères et sœurs en Christ. L’attention, la délicatesse, le souci de l’autre, en prendre soin, s’intéresser à lui ; il y a une véritable fraternité, une communion, qui transparaît et qui rejaillit comme naturellement sur les nouveaux membres ».

Que pouvez-vous nous dire de plus sur ce groupe de la Communion Notre-Dame de l’Alliance ?

Ce qui favorise cette communion, c’est bien évidemment tout d’abord le Christ, son Esprit, qui en tisse les liens entre chacun. Les temps de partage en groupe, à chaque récollection, favorisent aussi cette communion et la renforcent. Ils permettent également l’intégration des nouveaux membres, c’est ce que j’ai constaté lors de cette première année passée avec ce groupe. Chacun apprend à se connaître, à s’écouter mutuellement, à intérioriser son parcours de vie, à le pacifier avec le temps pour avancer vers un chemin de réconciliation. Avec soi, déjà, en posant ce regard miséricordieux sur soi-même comme le Christ le pose sur chacun de nous. Cela nous permet de poser à notre tour un regard de miséricorde sur le conjoint, le regard du Christ Lui-même, qui ne cesse d’avoir pitié de nous : « Quand me reviendras-tu ? Quand reviendras-tu à la Source de la Vie, de la vraie Vie ? Je suis Ton Créateur et Ton Sauveur ».

Il y a dix jours, vous avez prêché une nouvelle récollection à l'abbaye Sainte-Marie-du-Rivet à Auros, en Gironde… Que leur avez-vous raconté ?

Pour la dernière récollection que nous avons vécue ensemble, les 7 et 8 mai derniers, nous avons traité le thème de l’année : « Tenir dans la vérité dans un monde contraire ». J’ai développé trois points :

Tout d’abord notre incapacité à « tenir », afin d’exposer quelque peu l’expérience carmélitaine qui, à un moment donné, se traduit par l’expérience d’un dépouillement intérieur, et parfois aussi extérieur, qui nous fait entrer dans une radicale dépendance vis-à-vis de Dieu : ne plus rien attendre de nous de bon. « Dieu seul est bon » disait Jésus au jeune homme riche. Tout attendre de notre Sauveur. Au Carmel, nos saints ont, pour la plupart, expérimenté une radicale indigence, qui fait aimer Dieu pour Lui-même et non pour ses dons. Si bien que l’on n’escompte pas « tenir » par soi-même, mais par Lui, tout attendre de Lui, et faire le petit peu que nous pouvons faire, qui nous est encore donné de faire par grâce. « Lever notre petit pied comme un petit enfant au bas d’un grand escalier, l’escalier de la perfection » disait la petite Thérèse ou « nous efforcer » disait la grande Thérèse. Ce sont les bras de Jésus, l’ascenseur des temps modernes de la petite Thérèse, qui nous font gravir cet escalier de la perfection, de l’amour et du pardon.

Ensuite, nous en avons tous fait l’expérience, c’est la prière qui nous permet de « tenir », comme Jésus nous le recommande : de veiller et de prier, comme il le fit lui-même avec insistance à Gethsémani priant aussi pour chacun de nous : « Simon, j’ai prié pour toi afin que ta foi ne défaille pas ». Le Christ, afin que nous « tenions » dans le monde, a prié pour nous (prière sacerdotale Jn 17).

Notre Mère au Carmel, sainte Thérèse d’Avila, maîtresse d’oraison, définit la prière ainsi : « cet entretien d’amitié avec Celui dont nous nous savons aimés ». C’est une rencontre, un dialogue, il y a un « Je » personnel, et un « Tu », le Christ à qui je m’adresse et que je regarde en son humanité, à travers les mystères de sa vie publique.

Enfin, j’ai rappelé l’importance d’une communauté, nous ne pouvons être chrétien tout seul : un chrétien seul est en danger. A l’Annonciation, il faut remarquer que la Vierge Marie ne peut pas donner son fiat, son « oui » à l’ange Gabriel, sans qu’une communauté - ici le peuple d’Israël - ait reçu de Dieu par ses prophètes la promesse, l’espérance du Messie. Si bien que la Vierge Marie reçoit cette annonce non seulement de l’ange, mais aussi de son peuple par l’intermédiaire des prophètes qui proclamaient la venue du Messie. Une communauté, telle que la Communion Notre-Dame de l’Alliance, est aujourd’hui porteuse pour l’Eglise d’espérance, de paix, de réconciliation. Elle est aussi l’annonce de la présence de Dieu dans nos vies et de sa fidélité à l’égard de tous et pour toujours. « Je les guérirai de leur infidélité » disait le Seigneur par son prophète Isaïe ; c’est en son Fils, le Christ, une communauté rassemblée en son nom que s’accomplit, patiemment dans le secret, chaque jour pour chacun de nous cette guérison, cette réconciliation qui est témoignage et annonce de Paix pour tous nos contemporains.