Je n'ai pas mémoire, hors le jour de notre mariage, d'avoir, de ma vie, vécu...
Ce 6 août 2012, à Banneux, je découvre ce que peut être une retraite CNDA : je suis « primo-retraitant ».
J'arrive comme un individu en pièces détachées qui peine à les regrouper, vivant une nouvelle fois difficilement cette solitude involontaire. La prière est mal assurée par un esprit qui passe son temps à vagabonder. Dans cette situation, c'est un peu n'importe quoi : n'arrivant pas à concentrer mon esprit, ne serait-ce que quelques instants, et désespérant d'y arriver, je suis, pour le coup, beaucoup moins enclin à donner du temps à la prière.
Pour autant, l'option OUI à la fidélité, choisie il y a 17 ans bientôt, 3 ans après la séparation et 30 ans de mariage, n'est pas remise en cause. Il est vrai que les circonstances qui l'ont provoquée ne manquent pas d'originalité. C’était en rentrant de deux jours de récollection aux Béatitudes, récollection prêchée par Michel Martin-Prével à des personnes seules après séparation, veuvage, etc. Je n'y étais venu qu'espérant trouver une réponse à une importante question : que faire de ma disponibilité quand, dans huit mois, j'arriverai à la retraite ? Bien évidemment, le sujet était tout autre. Et le résultat fut deux questions qui me tombèrent dessus sur la route : « pourquoi ne lui pardonnes-tu pas ? et « si elle frappait à ta porte, lui ouvrirais-tu ? ».
Comprenant immédiatement que si j'écartais ces deux questions, je poursuivrais ma vie dans la rancune, la réponse fut deux OUI quasi immédiats. Et de retour à la maison, je remettais l'alliance à mon doigt. Pourtant j'avais de quoi être rancunier… mais ce n'est pas l'objet ici. Quelle libération !
Le décor de mon état d'esprit avant Banneux étant maintenant posé, revenons à cette semaine de retraite, ma première donc avec la CNDA.
Banneux, Notre-Dame. Le lieu se prête bien à notre retraite. J'ai beaucoup aimé la fontaine et son environnement, là où il est proposé « Poussez vos mains dans l'eau ». J'ai poussé l'eau tous les jours, je l'ai bue. J'y ai sans doute prié Marie comme rarement avant, parfois sans formuler de prière, simplement en aimant Marie du fond de mon âme, tout tranquillement.
Quand les choses furent lancées, un sentiment dense et profond m'a rapidement envahi, émanant de la cohésion ressentie au milieu des 152 S.D.F que nous étions ( Séparés divorcés fidèles, vous aviez compris). Une curieuse impression d'être l'un d'un tout, avec un seul esprit, un bloc priant, attentif, et l'intense bonheur paisible et très serein de me dire : j'en suis.
Puis le samedi 11 août, à la messe, toujours cette sensation intense, accentuée au moment de la confirmation de ce OUI déjà renouvelé en mon for intérieur il y a 17 ans, mais avec l'émotion de redire au fond de moi et sur mes lèvres : « Marie-France, tu es mon unique » et là, ne plus ressentir la tristesse de cette solitude subie, mais celle de la situation dans laquelle elle s'est mise, situation qui, à ce que j'en sais, n'augure rien de bon.
Cependant je me doute bien que pour certains, ce renouvellement, s'il fut formulé de grand cœur, ne le fut pas sans grande douleur.
Mais avant d'en arriver là, il y eut d'autres moments intenses : celui de la rencontre des primo-retraitants, ceux du groupe de partage. Un grand merci à celle qui fut notre « meneuse ». Les offices, d'un seul cœur, furent d'une intensité profonde, rare, aisément perceptible.
Doit-on évoquer la qualité des enseignements de notre Père spirituel ? Un dominicain, c'est tout dire. A coup sûr, il nous a donné par quelques clefs simples, le goût de faire le ménage intérieur dès que nécessaire, ce qui pour moi jusque-là restait un exercice souvent différé. Le ménage, c'est pourtant plus facile et rapide quand il y a peu à nettoyer, mais...
Et les rencontres, quel bonheur ! Frères et sœurs en Christ, que rien ne me prive de la retraite 2013, j'en serais trop frustré.