Une des figures les plus attachantes du XIVe siècle est un jeune laïc du nom de Roch, natif de Montpellier, n'ayant laissé ni parole ni écrit, qui dès sa mort, fut invoqué comme un grand saint.

Saint patron de sa ville natale, des pèlerins et de nombreuses confréries ou corporations : chirurgiens, dermatologues, apothicaires, paveurs de rues, fourreurs, pelletiers (qui travaillent les peaux d'animaux), fripiers, cardeurs. C'est aussi le protecteur des animaux. Au fil des siècles il sera invoqué contre les maladies contagieuses des humains et du bétail.

Roch est né vers 1349 à Montpellier en pleine guerre de cent ans et pendant la grande peste noire (1347-1352). C'est l'époque des grands famines et des ravages perpétrés par les Compagnies (troupes de mercenaires). Son père, Jean Roch de la Croix, dignitaire de Montpellier, en fut le premier consul en 1363. Sa mère, Dame Liberia, était native de Lombardie (Italie septentrionale).

Ce fils désiré et attendu longtemps, est élevé en milieu profondément chrétien. Il étudie chez les pères dominicains puis fait des études de médecine. Orphelin à 17 ans, riche et instruit, il est confié à son oncle. Avant de partir pour Rome il distribue sa fortune aux pauvres et rejoint le troisième ordre franciscain. Il revêt l'habit de pèlerin et reçoit la bénédiction de l'évêque de Maguelone.

Il arrive à Acquapendente en Toscane, à quelques jours de marche de Rome, en juillet 1367 et y reste trois mois. La peste y sévit. Il met en pratique l'enseignement médical reçu en l'associant à des signes de croix et une invocation pour les souffrants. Il obtient de nombreuses guérisons.

Il reprend le chemin de Rome mais apprend que la peste fait rage à Cesena à l'opposé de sa direction. Il s'y rend faisant ce que Dieu attend de lui au fur et à mesure de son pèlerinage et obtient, là encore, de nombreuses guérisons. Il arrive enfin à Rome au début de l'année 1368 et s'occupe sans doute des malades de l'hôpital du Saint-Esprit, ordre fondé par un compatriote, Gui de Montpellier.

 Un prélat, peut être un cardinal, guéri par ses soins, ou témoin de guérisons miraculeuses lui fait rencontrer le pape Urbain V qui s'écrie : « Il me semble que tu viens du paradis ! » et lui donne l'indulgence plénière. Urbain V est à Rome de 1367 à 1370 où il tente, sans succès, de ramener la papauté d'Avignon à Rome. Roch quitte Rome en 1370 pour rentrer dans sa patrie.

En juillet 1371, à Plaisance (Piacenza) entre Parme et Milan, il assiste, guérit et réconforte les malades de l'hôpital Notre-Dame de Bethléem. Atteint par la peste, il se rend péniblement jusqu'à un bois à l'orée du bourg fortifié de Sarmato, à 16 km de Plaisance, pour y mourir. Là, une source jaillit et un chien lui apporte chaque jour un pain. Le maître du chien est sans doute Gothard Pallastrelli qui deviendra son disciple et son premier biographe et sera l'auteur de son unique et vrai portrait conservé en l'Eglise Sainte Anne de Plaisance.

On rapporte qu'un ange secourut Roch, qu’il recouvre la santé et retourne à Plaisance auprès des pestiférés. Plus tard, il reprend sa route. Pris pour un espion dans la région de Milan où sévit un conflit entre le Duc de Milan Bernardo Visconti, son frère et la ligue constituée par le pape Urbain V menée par Amadeo VI de Savoie, il est arrêté à Broni et transféré à Voghera.

Sa renommée est déjà grande et il pourrait être identifié grâce à une marque de naissance, une petite croix rouge sur la poitrine, mais, fidèle au vœu d'anonymat de tout pèlerin, Roch ne révèle pas son identité et demande à reprendre sa route d'humble serviteur de Dieu. Sa requête est rejetée, il est mis au cachot durant 5 ans. ll dévoila son identité à un seul prêtre, selon la tradition, la veille de sa mort survenue le 16 août, entre 1376 et 1379. Le cachot s'illumina, selon des témoins, et Roch demanda à l'ange venu l'assister d'intercéder pour les gens en souffrance.

Sa dépouille fut volée dans l'église Saint-Roch de Voghera ou fit l'objet d'une transaction en février 1485 (sauf deux petits os du bras) et transportée à Venise en l'église de la Scuola Grande di San Rocco. Au 19e siècle, un tibia fut remis solennellement au sanctuaire Saint-Roch de Montpellier qui possède son bâton de pèlerin.

Chaque année à Montpellier l'anniversaire de sa mort (le 16 août) donne lieu à trois jours de fête. A cette occasion, les habitants, leurs animaux de compagnie et des petits pains à partager sont bénis.

Roch reste un exemple de don de lui-même pour les pauvres et les malades. Son habit :

- un chapeau à larges bord (pluie)

- un bourdon ou bâton de pèlerin

- une courge utilisé comme gourde

- un manteau de pèlerin en étoffe grossière

- une coquille pour boire en rivières

- une besace qu'il portait en bandoulière.

- des molletières d'étoffes entourant ses jambes

Il est représenté le plus souvent :

- avec un bourdon (bâton de pèlerin)

- avec un chien, qui tient en sa gueule un pain

- avec un ange

- montrant son bubon, plaie due à la peste (bubonique)

Thérèse (Mireval) - Languedoc