Récollection prêchée par Mgr Dominique REY, évêque de Fréjus-Toulon
« Les lieux saints sont au monde ce que les astres sont au firmament, une source de lumière, de chaleur et de vie ».
Père Henri Dominique Lacordaire
Sur les pas de sainte Marie-Madeleine, l'apôtre des Apôtres nous fîmes notre récollection de printemps, une récollection délocalisée et élargie.
Nous étions huit de Provence et nous avons reçu avec joie six frères et sœurs de Midi-Pyrénées, onze de Rhône Alpes et une sœur de l'Ile de France qui découvrait la Communion avec nous en accord avec les responsables de sa région.
Les arrivées à l'hôtellerie du Plan d'Aups à 700 m d'altitude dans le massif de la Sainte-Baume, massif "à cheval" sur les départements des Bouches du Rhône et du Var, se sont échelonnées du vendredi après- midi jusqu'au samedi midi.
Pour les départs, certains sont partis comme prévu le dimanche vers 16 h. Mais d'autres, dont je suis, ont prolongé leur séjour jusqu'au lundi soir ; d'une part pour assister au sacrement de confirmation de notre jeune frère de Provence, Frédéric Clervaux le dimanche à 16 h à la Basilique de Saint-Maximin à 8 km et présidé par Mgr Rey et d'autre part, pour assister le lundi matin à la messe célébrée dans la prairie (environ 1000 personnes) en présence des reliques de sainte Marie- Madeleine et à la procession l'après-midi derrière les reliques jusqu'à la grotte du même nom.
Malgré ces nombreux changements de dernières minutes, tout s'est très bien passé. L'Esprit Saint à qui nous avions confié notre récollection, a vraiment pris en charge tout ce qui pouvait nous poser un problème.
Et si le temps était au beau, les grâces pleuvaient ! Avec ceux qui étaient présents le samedi matin, nous sommes descendus à Saint- Maximin où le Père Florian Racine nous a parlé de sainte Marie- Madeleine dont la Basilique porte le nom.
Les orthodoxes distinguent trois femmes différentes : celle qui verse un parfum très cher sur les pieds de Jésus et prend ses cheveux pour les essuyer, Marie la contemplative, sœur de Marthe et de Lazare et Marie, la pécheresse délivrée des 7 démons qui a donné tous ses biens et a suivi Jésus. Les occidentaux disent que ces 3 figures sont la même femme.
Marie-Madeleine a toujours été critiquée : par le pharisien Simon, par Marthe et par Judas mais ne s'est jamais défendue ; elle pleure trois fois – elle se perd, elle perd son frère Lazare, elle a perdu Jésus (crucifié) ; elle obtient tout : pour elle (elle est pardonnée), pour Lazare (ramené à la vie par Jésus) et pour Jésus (ressuscité).
Si on est en deuil, on peut la prier et elle nous aidera par la communion des saints.
Pour les orientaux elle est morte à Ephèse, pour les occidentaux après avoir dérivé sur la mer elle aurait accosté avec ses huit compagnons (Lazare, Marie-Salomé, Marie-Jacobé, Sara, Sidoine et Maximin, Marthe et sa servante) aux Saintes-Maries-de-la-Mer, "capitale" de la Camargue. Là, ils se seraient séparés pour évangéliser la Provence.
Roger Soler, intervenant lundi en début d'après-midi, nous précisa que saint Grégoire-le-Grand la prit pour modèle de la voie chrétienne (la miséricorde, l'amour et la mission) car elle annonce Jésus ressuscité.
Elle aurait évangélisé Marseille avec Lazare. Plus tard elle se serait retirée dans la grotte qui porte son nom et aurait vécu en ermite ses trente-trois dernières années. Elle serait morte près de Saint-Maximin mais des voyants (Catherine Eymerich, Maria Valtorta...) dans leurs visions, la voient mourir dans la grotte qui porte son nom. La tradition dit que sept fois par jour les anges l'élevaient jusqu'aux plus hautes sphères où résonne leur céleste liturgie.
Nous aurions bien aimé qu'ils nous élèvent aussi lundi après-midi jusqu'à la grotte située à 950m d'altitude. Hélas nous avons dû monter durant 45 mn avant de pouvoir suivre les vêpres
dans la grotte.
Samedi après-midi, Monseigneur Dominique REY, dans son enseignement, nous a parlé aussi de Marie-Madeleine, apôtre de la miséricorde.
Elle a été libérée de ses sept démons, a assisté à la mort de Jésus, à sa mise au tombeau. Elle va au tombeau pour l'embaumer et est témoin de sa résurrection. Jésus l'interpelle, elle se retourne plusieurs fois (retournement = conversion). Jésus manifeste sa présence, par son absence. Il lui apparait avec son corps glorieux. Elle est dans l'espérance comme le père prodigue qui attend son fils, mais aussi dans la désolation : elle ne pourra plus le toucher. "Ne me retiens pas" lui dit Jésus. On ne peut L'enfermer dans ce qu'on a connu, Il est dans un autre chemin.Comme pour nous, c'est une perte et quelque chose à vivre d'autre, à vivre dans la fidélité. " Va vers tes frères leur annoncer..." Elle est l'apôtre des apôtres. Elle est envoyée à ceux qui croient et ont besoin d'être confortés (ce sont les colonnes de l'Eglise). L'évangélisation commence par nous. Nous avons quelque chose à dire de la miséricorde de Dieu.
Jésus est le visage de la miséricorde de Dieu, il révèle le mot, qui révèle la Sainte Trinité. Il y a des moments dans la vie où on doit fixer notre regard plus intensément sur la miséricorde. C'est une manière de vie dans laquelle il y a l'accueil, l'écoute...
Monseigneur REY poursuit par quelques lectures de rencontres avec Jésus choisies dans la Bible, expériences de lumière.
Cana (Jn 2, 1-12) où Jésus se révèle le vrai époux de l'humanité. Indéfectible amour, amour définitif. Six jarres vides : il répond à un vide. Ne comblons pas notre vide par la drogue ou toute autre addiction. Servons-nous de nos pauvretés comme d'un calice. Nous ne sommes pas sauvés grâce à nos pauvretés mais à cause d'elles.
Guérison du paralytique à Capharnaüm (Mc 2) où il est passé par le toit (charité des porteurs): amener quelqu'un à Jésus implique compassion, courage, pugnacité, confiance en Jésus. La véritable paralysie de cet homme était son âme. Si on perd son âme on est un mort vivant : « tes péchés sont pardonnés ». Jésus le guérira ensuite de son handicap physique. La véritable guérison n'est pas de marcher sans brancard : "lève-toi avec tes problèmes".
La maison où est Jésus fait figure d'Eglise. Une Eglise bondée de gens en détresse qui redeviennent capables d'avancer avec peut être encore leur handicap mais retrouvant la santé de l'âme. La miséricorde de Dieu soigne, guérit.
Les 3 "R"
- RECONNAISSANCE : " tu as du prix à mes yeux ". La blessure nous fait perdre l'estime de nous-mêmes. A travers le Christ, l'Eglise retrouve une nouvelle estime, une nouvelle considération. Jésus nous voit au- delà de notre misère.
- RELIANCE : on a besoin des autres pour se connaître soi-même. "Aimez-vous les uns les autres". On reçoit le Christ les uns par les autres. André parle de Jésus à son frère Simon (Pierre). Se recevoir par les frères et sœurs est une grande grâce.
- RESILIENCE : on peut rebondir. Je ne suis pas simplement otage de mon histoire. Rechutes de Pierre plusieurs fois. Nouveau chemin de vie, d'espérance qui peut jaillir à partir de nos fragilités, de nos combats.La rencontre de Zachée (Lc 19, 1-10), collecteur d'impôt pas très honnête. Sa petite taille l'oblige à grimper sur un sycomore. Le Christ s'invite chez Zachée qui n'oppose pas de résistance. Son consentement ouvre la porte à la charité : "je donne la moitié de mes biens". Il est debout précise-t-on, déjà relevé. Petitesse, limite physique, Zachée n'est pas aimé. On ne peut rencontrer Dieu qu'à travers nos propres limites. Zachée s'est rendu vulnérable. La miséricorde divine descend toujours plus bas que l'humanité.
L'infini de Dieu : de l'infime de l'hostie, Dieu fait grâce et nous prend là où nous en sommes. Il nous redit "je t'aime, laisse-toi faire, je t'aime".
Le dimanche Mgr Rey nous précise que la miséricorde passe par nos pieds (la Samaritaine Jn 4,1-29), par notre regard, par le toucher, par la parole, par les pleurs et par le cœur. Le puits, lieu nuptial " donne-moi à boire " dit Jésus, délicatesse de sa part de commencer par
demander quelque chose à l'autre avant de lui faire découvrir son quintuple adultère. Elle qui se coupait des autres (par honte) en allant puiser l'eau à midi en pleine chaleur quand il n'y avait personne, est envoyée vers les autres. Il veut qu'elle devienne un instrument de miséricorde.
A méditer : LE SILENCE EST LA PATRIE DE DIEU.
Thérèse (Mireval) – PROVENCE