Le lundi 20 janvier 2014, la pastorale des familles du diocèse de Lyon a rassemblé, à la crypte de la basilique de Fourvière, différents mouvements regroupant des personnes séparées ou divorcées, remariées ou non, ainsi que toute personne se trouvant dans l’une de ces situations.
Sur le thème « si je vous ai lavé les pieds, vous aussi lavez-vous les pieds les uns les autres » (Jean 13, 15), cette soirée était ainsiprésentée : « vivre un temps de pardon, de prière, de dialogue pastoral, de temps de la Parole, de gestes».
Présidée par Monseigneur Patrick Le Gal, évêque auxiliaire de Lyon et recteur de la basilique, cette veillée a réuni plusieurs membres lyonnais du groupe Rhône-Alpes de la Communion Notre-Dame de l’Alliance, dont certains avaient participé activement à sa préparation.
Celle-ci a commencé par la lecture de l’Evangile du lavement des pieds (Jean 13, 1-20) commenté par Monseigneur Patrick Le Gal. Puis différents signes ou gestes étaient proposés : lavement des pieds, rencontre avec un prêtre ou avec des laïcs, écriture d’une lettre à son conjoint ou au Seigneur, lumignon déposé au pied d’une croix....
Plusieurs témoignages ont été lus par des membres des différents mouvements présents. Parmi ceux-ci, voici le mien :
Dans ce passage d’évangile, l’apôtre Jean écrit que Jésus, Lui, qui avait aimé les siens qui sont dans le monde, les aima jusqu’à l’extrême.
Seigneur, lorsque mon épouse est partie, alors même que je ne m’y attendais pas du tout, j’avais deux solutions :
- soit me révolter, contre elle, contre ses parents, contre la société, contre Toi... ;
- soit continuer à l’aimer, à l’aimer jusqu’au bout, jusqu’à l’extrême.
Certes, cela n’a pas été facile ; comme le psalmiste, j’ai crié vers Toi : « mon Dieu, pourquoi m’as-Tu abandonné ? ». Certains m’ont conseillé de « refaire ma vie », de « tourner la page », disant que « nous nous étions aimés, mais qu’aujourd’hui cet amour avait cessé »...
Mais non, mon Dieu, mon épouse, je l’aimais encore, même si c’était différemment puisqu’elle n’était plus physiquement présente. Et puis, Seigneur, lorsque nous nous sommes engagés dans le sacrementdu mariage, Tu t’es engagé avec nous, Tu nous aimais et Tu nous aimes encore, Tu aimes mon épouse et Tu m’aimes....
Alors, j’ai fait le choix de la fidélité à ton Amour, à l’amour de mon épouse, à notre sacrement de mariage... Aimer comme Toi, jusqu’à l’extrême... Et aujourd’hui, plus de huit ans après son départ, j’aime toujours mon épouse, je l’aime même davantage car mon amour s’est épuré, il est devenu gratuit... Aimer comme Toi, jusqu’à l’extrême...
Jean poursuit son témoignage : Jésus se lève de table, dépose son vêtement et prend un linge dont il se ceint. Il verse ensuite de l’eau dans un bassin et commence à laver les pieds des disciples et à les essuyer avec le linge dont il était ceint. Toi, Jésus, qui rappelles à tes apôtres que tu es le Seigneur et le Maître, Tu t’abaisses à leurs pieds et Tu les laves. Et Tu dis à tes amis : « Un serviteur n’est pas plus grand que son maître, ni un envoyé plus grand que celui qui l’envoie. » Quelle humilité ! Ainsi, Tu m’apprends, dans la situation qui est la mienne et que je n’ai pas choisie, à être humble moi aussi, car c’est humiliant pour un époux d’être séparé de son
conjoint, de supporter le regard des autres, plus ou moins accusateur, méprisant, donneur de leçons...
Puis Tu dis à tes disciples : « si je vous ai lavé les pieds, Moi, le Seigneur et le Maître, vous devez vous aussi vous laver les pieds les uns aux autres ; car c’est un exemple que Je vous ai donné : ce que J’ai fait pour vous,
faites-le vous aussi. » Oui, Seigneur, Tu m’invites, à ton exemple, à être au service de mes frères. J’aurais pu, Seigneur, me morfondre dans ma douleur, me replier sur moi, gémir sur ma situation... Tu me donnes l’exemple du service. Aussi, j’ai répondu à plusieurs appels : me mettre à la disposition de mes frères malades et handicapés en les accompagnant à Lourdes avec l’Hospitalité lyonnaise, aider un enfant dans sa scolarité avec le Secours catholique...
Enfin, à travers ce transfert d’amour, au cœur même de ma souffrance, Tu me promets la joie : « vous serez heureux si du moins vous le mettez en pratique. »
Jean-Bernard (Tassin la Demi-Lune) – RHONE-ALPES