Comme il en a pris l‘habitude, le mouvement Miséricorde et Vérité (1) donnait rendez-vous le 12 novembre dernier à ses adhérents et sympathisants au Foyer deCharité « Les Sources » à Combs-la-Ville.
Certains d’entre nous avaient devancé le rendez-vous et se sontretrouvés dès le dimanche soir autour du dîner. Les échanges furentdes plus amicaux et instructifs.
Le lundi matin c’est presque soixante personnes qui se trouvèrent réunis dans la bien nommée « salle de la parole » pour entendre les 2 intervenants de la journée : Thierry Veyron la Croix et le Père OlivierBonnewijn que certains d’entre nous ont pu apprécier lors du Conseil de décembre2011. Le thème retenu pour cette journée est « l’attention à porter aux enfants deparents divorcés »
Thierry Veyron la Croix est médiateur familial à Lyon après avoir étéconseiller conjugal ainsi que son épouse Frédérique. Le médiateur familial rencontre des couples séparés ou divorcés en conflit sur des sujets concernant l’enfant, sa garde ou son éducation…
Les personnes viennent suite à une recommandation du juge aux affaires familiales (J.A.F.)
Les 4 principes de la médiation :
1. la neutralité qui crée les conditions pour un dialogue favorable à l’expression des enfants et des parents.
2. L’impartialité qui équilibre le dialogue entre les différentes personnes sans prendre parti. Cela permet aussi aux parents de se décentrer pour s’ouvrir au dialogue.
3. L’indépendance qui donne une liberté d’action par rapport aux J.A.F
4. La confidentialité par laquelle le médiateur ne rendra pas compte par exempleaux J.A.F de la présence ou non des personnes convoquées.
95% des affaires de médiation concernent des relations parents ? enfants, et 5% des relations parents ? grands-parents (situation de plus en plus courante). Il peut y avoir aussi le problème des fratries dans le cas de la décision de placement des parents.
L’esprit de médiation, encore peu ancré dans notre société, s’implante petit à petit.
Comment se prépare et se passe une médiation familiale ?
- Les parents sont invités à lister les points à aborder
- Lors du premier entretien, cette liste est examinée
- Les enfants peuvent être reçus lors de ces entretiens.
Le médiateur n’est pas un psychologue ni un pédopsychiatre.
Paroles d’enfants
Les effets de la séparation sur l’enfant
Angoisse affective : suis-je encore aimé et donc aimable ? ? risque de problème de relation affective à l’âge adulte, le médiateur aura une parole rassurante pour l’enfant.
Fantasme de l’abandon : qui va s’occuper de moi ? Qui va me donner à manger ?
Un parent quitte l’autre et pourquoi pas aussi l’enfant ? ? L’annonce de la séparation va induire ce sentiment d’abandon chez l’enfant.
Conflit de loyauté : être loyal avec chacun des parents ? l’enfant raconte son bon week-end chez papa, ce qui met mamanen colère. ? les parents n’arrivent pas à se mettre d’accord sur la garde principale et se défaussent sur l’enfant en le laissant choisir. Si les parents ne prennent pas leur responsabilité la médiation peut s’arrêter.
Il faut redonner à l’enfant sa place réelle et non le considérer comme un adulte. Dans ce cas, l’enfant peut aussi chercher à protéger l’un de ses parents qui peut être plus fragile. ? Il faut déterminer ce qui est de la responsabilité des parents et non de l’enfant.
L’écoute de l’enfant permet souvent d’apaiser le conflit avec ses parents et de le distinguer du conflit conjugal.
Culpabilité : L’enfant a le sentiment qu’il est responsable de la situation et capable de la résoudre en agissant de manière que la cellule familiale soit recréée autour de lui. ? Il faut lui donner les moyens de revenir à sa place d’enfant et non d’adulte. L’enfant peut déprimer ou exploiter les failles de ses parents. L’enfant risque d’être instrumentalisé à des fins de vengeance et obligéde choisir son camp ; on peut parler alors d’aliénation parentale.
Comment aider l’enfant ?
Quelle représentation l’enfant se fait-il de sa famille ? expression par le dessin. Oter à l’enfant l’illusion qu’il peut faire en sorte que ses parents revivent ensemble. Aider l’enfant à parler de la situation avec ses parents. Suggérer un accompagnement psychologique de l’enfant. Dégager l’enfant de la projection que les parents font sur lui. Parler de la situation à l’enfant « Les parents de Zoé divorcent » petit livre pédagogique à lire avecl’enfant, et qui permet d’entamer le dialogue. Le bien être des parents va engendrer le bien être de l’enfant. La séparation des parents est toujours une déchirure pour l’enfant son monde s’effondre, ce qui engendre un sentiment d’insécurité : « mes parents m’ont divorcé »
CONCLUSION
- Trouver un juste équilibre entre banalisation et dramatisation excessives de la situation nécessite une grande vigilance de la part des parents.
- A l’instar de ce qui existe au Canada une Pastorale des enfants du divorce doit être mise en place en France comme les groupes de paroles créés par Marie Simon.
- Formulons le souhait que la famille retrouve un nouvel équilibre pour tous ses membres et en particulier pour les enfants.
Le médiateur chrétien décide d’aimer les personnes reçues quellesqu’elles soient en voulant leur bien, en prenant le temps de les écouter avec lucidité et demande de prier pour ces familles avec la prière de Saint François.
Après l’Eucharistie et le repas, l’Assemblée Générale de l’Association a été avancée en début d’après- midi. Ceci nous a permis d’entendre ce que vit l’Association avec les témoignages de plusieurs acteurs de terrain engagés dans l’accompagnement des personnes divorcées seules ou remariées. Il serait trop long de relater ce qui a été dit mais il ressort une grande volonté d’écouter la souffrance de ces personnes, de les aider à discerner leur chemin de vie.
Enfin le père Olivier Bonnewijn nous a entretenus sur ce même sujet des enfants dans la tourmente du divorce. Tout au long de son intervention le père Bonnewijn s’est largement appuyé sur son livre « Parents aux lendemains du divorce » aux éditions de l’Emmanuel.
Quelques titres de chapitres à retrouver plus détaillés dans son livre :
- Repères anthropologiques et éthiques de base, avec l’enracinement de la filiation, la filiation éprouvée et la filiation respectée.
- Sept repères éthiques comme devenir disponible à son enfant, dire humblement la vérité à son enfant, engendrer son enfant à la parole et à la liberté, lutter contre l’autoaccusation de son enfant, accorder une juste place à l’enfant, ne pas détruire le conjoint séparé dans le coeur de l’enfant et rechercher une certaine concordance éducative.
Après ces remarquables exposés, nos deux intervenants, dont les points de vue sont très proches sur le comportement à avoir avec un enfant confronté à la séparation ou au divorce de ses parents, ont répondu aux questions des personnes présentes.
C’est ainsi que furent évoqués :
- la prière avec une neuvaine à Marie qui défait les noeuds,
- une invitation aux personnes en souffrance à déposer leur fardeau au pied de la Croix et renouer ainsi avec le Christ en Croix,
- Dans une famille recomposée que chacun ait sa place dans la relation aux enfants qu’ils soient de son sang ou non, ne pas monopoliser l’affection de son enfant et ne pas se défausser de sa responsabilité d’adulte face à l’enfant de son conjoint.
- En cas de nullité du sacrement de mariage, celle-ci n’impliquepas qu’il n’y ait pas eu d’amour entre les parents surtout au moment de la conception de l’enfant ; la nullité ne concerne que le lien sacramentel et ne veut pas dire RIEN.
Depuis plusieurs années des membres de la Communion participent à cette journée de réflexion sur les conséquences du divorce dans les familles. Au fil du temps des liens se sont tissés entre les 2 mouvements, Miséricorde et Vérité et la Communion Notre Dame de l’Alliance. Si nous avons une approche différente vis-à-vis des personnes en situation de divorce, nous nous rejoignons sur beaucoup de points et en particulier la fidélité à l’enseignement de l’Église et donc au Christ.
(1) Soutien pastoral aux fidèles divorcés engagés ou non dans une nouvelle union.