LES CONSEILS DU TEMOIN
Etant divorcée moi-même depuis 24 ans et après avoir écouté beaucoup de personnes divorcées, je voudrais dire que le divorce en soi n'est JAMAIS désirable, ni pour soi-même, ni pour son conjoint, et encore moins pour les enfants. Il ne faut surtout pas s'imaginer que, quels que soient les problèmes conjugaux qu'on traverse, on sera finalement tranquille après la séparation: les difficultés auxquelles on devra faire face après la rupture seront autres mais elles seront bien là !...Parfois on n'a même pas le choix : si l'autre part de son côté, - malheureusement dans la plupart des cas "pour recommencer sa vie" avec un(e) autre,- le divorce légitime est prononcé après quelque temps sans qu'on puisse s'y opposer. On a de quoi se sentir trahi et traité injustement...
Conflits
Mais il existe aussi des mariages où des conflits destructeurs s'accumulent et pourraient mener un époux à se poser la question ci-dessus. Je ne parle pas de conflits passagers: ils font partie de la vie normale d’un couple et sont nécessaires pour bien trouver sa propre place, dans le respect de l’autre et avec le souci de ne pas le ou la blesser profondément. On peut alors se retrouver et grandir ensemble dans « l’histoire sainte » de son couple.
Non, je parle ici d'une situation matrimoniale tendue, suite à des comportements insupportables qui empoisonnent la vie familiale de chaque jour et qui sont néfastes pour le bonheur et l’équilibre affectif de tous et pour le développement harmonieux des enfants. Si cette situation s’est installée de façon irrémédiable, on peut en effet se poser cette grave question : ne vaut-il pas mieux se séparer ?... Mais comment savoir si la situation est irrémédiable ?
Se faire aider
A ce point, il est bon de chercher de l’aide à l’extérieur, sinon en couple, au moins seul. Non pas pour entendre dire d’un autre s’il faut divorcer ou non, et comme cela dégager sa propre responsabilité, mais pour se remettre d’abord soi-même en question et chercher si l’on peut encore remédier aux conflits. En tant que chrétien nous avons tous la responsabilité de témoigner de l’indissolubilité du mariage et donc de nous battre pour sauver notre couple : le mariage chrétien et la stabilité du foyer sont des choses trop précieuses pour les galvauder à la légère…
Qui peut aider ?
On pourrait aller voir un psychologue, tout d’abord pour retrouver son équilibre psychologique et l’estime de soi et pour chercher comment surmonter des difficultés apparemment irrémédiables.
Ou bien préférer un accompagnement spirituel – souvent un prêtre - pour mieux se faire aider à bien discerner comment affronter ce grave problème de conscience. Je présume évidemment que cet accompagnateur est lui-même profondément convaincu de la vérité et de la valeur du mariage chrétien indissoluble !…
Dans tout ce procès il est indispensable de s’entourer de vrais amis – sans arrière-pensées - et par ses proches. Non pas pour se laisser influencer par eux : d’abord ils se contrediront tous et puis, par sympathie (toujours subjective) pour vous, ils auront tendance à précipiter votre décision. Il faut simplement se laisser aimer, choyer et chérir, ne fût-ce que pour retrouver son équilibre affectif et l’estime de soi.
Discernement
Pour bien mûrir dans votre discernement final, mieux vaut privilégier l’éclairage de votre accompagnateur spirituel : il est beaucoup plus objectif dans le souci de la vérité. Vous lui en serez encore reconnaissant(e) bien des années après !...Il faut compter plusieurs mois (peut-être même une année) pour un bon discernement mûr et équilibré. Ce délai est indispensable pour bien mesurer les conséquences à long terme d’une décision le plus souvent irréversible. Une fois stabilisé, on deviendra capable d’avancer et de bien gérer les sentiments de culpabilité qui ne manqueront pas de surgir en raison de l’échec de son mariage et referont surface chaque fois qu’on devra gérer les problèmes survenant chez les enfants en raison de la séparation. Il faudra être conscient des « trucs » d’ados qui essaieront parfois de vous manipuler en jouant sur vos sentiments de culpabilité plus ou moins mal gérés.
La « moins mauvaise solution »
Pour conclure : si après mûre réflexion et discernement spirituel un divorce s’avère nécessaire, je dirais qu’il peut être non pas "une bonne solution" mais parfois "la moins mauvaise". Malheureusement oui… Ce qui ne veut pas dire qu’on ne pourra pas le surmonter en retrouvant un bon équilibre dans la paix d’un cœur bien stable. Mais cela est déjà une autre question.
Autre témoignage
Je pense qu’il faut d’abord étudier toutes les autres solutions. Que le couple, et chacun de ses membres séparément, se fasse aider, physiquement et/ou psychologiquement. Pour cela, le désir des deux partenaires, qui suppose un minimum de dialogue est un préalable incontournable.
On peut rester marié à un ou une partenaire qui nous trompe, on peut accepter une certaine incompréhension, une certaine souffrance, on peut sacrifier beaucoup de choses, mais on ne doit pas arriver à une situation qui nous mène à la mort.
Alors, il faut distinguer la séparation de la rupture ou encore de la procédure juridique du divorce. Souvent, la séparation ne règle que la moitié du conflit, car, quand il y a séparation, les problèmes de partage des biens, les problèmes financiers ne sont pas réglés et cela empoisonne l’existence.
Oui, le divorce peut être une moins mauvaise solution ! Quand les époux se déchirent, quand ils se détruisent l’un l’autre, ou quand l’un détruit l’autre, quand la vie ensemble devient insupportable pour l’un des deux ou pour les enfants, alors oui, il peut être préférable de divorcer.
Dans bien des cas, l’urgence, c’est de « sauver sa peau » ! La séparation devient alors utile et le divorce rend définitive cette séparation. Il permet et à l’un et à l’autre de se reconstruire ; sinon on reste dans l’attente d’un hypothétique mieux…. Dans la plupart des cas, les essais de thérapie ont déjà eu lieu et ont échoué. Dans certains cas, renoncer au divorce c’est renoncer à vivre, renoncer à se relever, s’enfermer dans une situation qui ne conduit pas à la vie. Certaines situations de violence conjugale peuvent être des « urgences vitales » et la séparation est la seule solution.
LES CONSEILS DU RELIGIEUX
Il n’y a pas de bonne solution mais des réponses adaptées aux situations diverses et uniques. Le divorce n’est un passage obligé que pour régler juridiquement la garde des enfants ou pour le remariage civil d’un des conjoints. Hormis ces cas, la séparation peut suffire : séparation de corps pour rompre la vie commune ou séparation de biens pour scinder les patrimoines. Il est important de rappeler que la séparation peut n’être que transitoire et permettre à chacun de réfléchir et de cheminer…
LES CONSEILS DU PHILOSOPHE
On pense au divorce souvent par besoin de sécurité et dans l’urgence dans des situations de pression de l’entourage et de l’appareil judiciaire, alors qu’une séparation pourrait suffire dans certaines circonstances.
La séparation de corps peut être une solution momentanée pour réfléchir et faciliter la réflexion et le discernement des deux.
Apaiser et prendre conscience de tous les enjeux dans cette période permet de ne pas toujours aller vers l’irrémédiable. Il est essentiel de discerner et de ne pas prendre de décision sous le coup d’une impulsion.