Témoignages
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- Écrit par Philippe (Soucelles)
Une jolie femme, trois beaux enfants, une belle maison, un job passionnant dans le secteur de l’agro-alimentaire : en bref, une vie qui me semble confortable et appréciable.
Après 17 ans de mariage, c'est le drame ! Aurélie, n'est plus heureuse avec moi, elle me quitte pour un autre homme.
C’est la Croix de l'incompréhension : je ne comprends pas, je me dis que c'est vrai : on ne prie plus ensemble, on ne passe plus de véritables moments ensemble, comme un couple fragile et bloqué.
Je l'aime, sans doute mal, mais je l'aime. J'aurais préféré porter une autre croix que celle-ci, plutôt que la trahison de ma femme car… ma vie repose sur une famille selon Dieu.
Alors, c’est le temps du remords, des pleurs, du doute, du dégoût ! Oui, autour de moi, tout est vide de sens, il n’y a plus d'horizon. Je me suis bien souvent reposé sur ma femme ; maintenant, c'est seul qu'il faut avancer… Du moins, c'est ce que je pensais !
Mais, le Seigneur, dans son infinie miséricorde, permet cette épreuve de la croix : Croix de l'incompréhension, Croix de l'injustice, de la trahison, de l'humiliation.
Alors, m'efforçant de trouver la paix, dans le silence et la prière, j'ai supplié le Seigneur : « Seigneur, toi qui endures tout, aide-moi à avancer dans la confiance et la vérité ». En mon cœur, Il m’a répondu : « Philippe, tu n'es pas seul, je souffre avec toi ! ». Dans ma prière, je lui ai demandé de m’accompagner dans ma souffrance.
Quelques semaines plus tard à Sainte-Anne d'Auray, j'ai fait cette rencontre divine intérieure : démarche de pardon et de libération. Les grâces que j'ai reçues m’ont permis de ne plus être triste, mais au contraire, de retrouver la Joie en Dieu et l'Espérance.
Quelques mois plus tard, sur internet, je découvre un témoignage de Frédéric, membre de la Communion Notre-Dame de l'Alliance qui me touche beaucoup dans sa fidélité au mariage ; à mon tour, je désire vivre de cette grâce en tant que séparé, fidèle à mon sacrement. Bien vite, je contacte un responsable de cette association. Dans le discernement, j'essaie de comprendre les évangiles ; je ne conçois pas de vivre autrement que dans la fidélité à mon épouse et de croire à l'indissolubilité du mariage sacramentel.
La voix, le rire, la présence de ma femme me manquent parfois. Avec l'accord du juge des familles, je peux, une semaine sur deux, avoir les enfants à la maison. « Oui, merci Seigneur, pour ces beaux moments de vie et de partage ; ils sont importants pour leur éducation. »
Les échanges téléphoniques avec des membres de la Communion sont également réconfortants pour moi, comme le sont les temps de récollection. Les enseignements, le partage entre frères et sœurs séparés, les prières, me rendent plus fort dans cette épreuve et me permettent d'avancer et de rester en paix.
Dans la lumière du Saint-Esprit, je peux comprendre combien toutes ces situations douloureuses seront un jour transformées en grâces pour le bien de l'âme, en sagesse pour une vie de famille apaisée, pour devenir humble et pardonner en vérité, pour une Espérance toujours plus grande, pour la Joie d'être aimé de Dieu et d’être un jour accueilli auprès de Lui. Je continue d'aimer mon épouse dans le silence de Dieu et, comme Jésus souffrant, j’accepte mes blessures.
Les moments où je suis seul sont précieux pour mon évolution spirituelle ; les pèlerinages dans les sanctuaires me permettent de me ressourcer et de faire des rencontres souvent inattendues à Pontmain, au Mont-Saint-Michel, à Solesmes. Lourdes, Lisieux et La Salette sont marqués dans mon âme pour toujours.
Je ne suis plus le même homme : l'incompréhension, la souffrance, les doutes, je les laisse derrière moi et je poursuis mon pèlerinage avec Jésus, dans l’Espérance et l'Amour.
En conclusion :
« Jésus, apprends-moi à aimer, à porter ma croix, à témoigner de la fidélité.
« Sainte Vierge Marie, donne-moi cette grâce de témoigner de l’Amour de Dieu.
« Saint Joseph, veille sur nos familles.
Mai 2019 - Philippe (Soucelles) - Pays de Loire
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- Écrit par C. Emmanuel
Cyprien et Daphrose Rugamba
Cyprien est un intellectuel reconnu qui a fait une carrière brillante dans l’administration ; spécialiste de la culture rwandaise et artiste célèbre (compositeur, chanteur, chorégraphe), il a produit une œuvre très abondante qui fait aujourd’hui partie du patrimoine du pays. Élevé chrétiennement, il perd la foi au cours de ses études.
En 1965, il épouse Daphrose, une jeune femme pour qui la prière tient une grande place. Un mariage de raison, plus que d’amour, puisque Cyprien avait été très épris de la cousine de Daphrose décédée quelques mois plus tôt. C’est la famille de Daphrose qui arrange leur mariage. Ils connaissent pendant 17 ans une vie de couple très difficile au point qu’ils se séparent quelques mois. En effet, Cyprien répudie Daphrose après la naissance de leur premier enfant, sa famille accusant Daphrose de sorcellerie. Quelques mois plus tard, il va retrouver sa femme, convaincu de la fausseté des accusations portées contre elle. Cependant, Cyprien la fait encore beaucoup souffrir, en particulier par son infidélité. Il aura même un enfant hors mariage. Daphrose, sans se décourager, ne cesse de prier pour la conversion de son mari, supportant les souffrances de ses trahisons et élevant leurs dix enfants dans la foi chrétienne qui ne la lâche pas.
La conversion de Cyprien
En 1982, Cyprien est délivré de manière inexpliquée et soudaine d’une maladie mal identifiée qui l’a beaucoup affaibli et humilié. Il comprend que c’est le fruit de la prière de sa femme et vit alors une conversion radicale qui se manifeste dans tous les domaines de sa vie, et particulièrement dans sa vie de couple.
Cyprien demande pardon à sa femme. Daphrose pardonne tout, et elle accueille l’enfant né hors mariage pour l’élever avec les siens. L’amour disparu est complètement renouvelé, ressuscité. Cyprien et Daphrose deviennent un couple extrêmement uni, très complémentaire et surtout rayonnant. Le changement est tellement visible que beaucoup en sont profondément touchés. Ceux qui les ont connus soulignent sans cesse leur disponibilité, leur attention et leur délicatesse pour chacun, des plus importants aux plus humbles. Jusqu’alors arrogant et inaccessible, Cyprien s’est mué en un homme simple et accueillant, ouvert à tous et qui se laisse approcher.
Ils prennent l’habitude de tout confier au Seigneur et de s’émerveiller de ce qu’il donne. « Le Seigneur est merveilleux » répète sans cesse Cyprien qui cherche toujours, quelle que soit la situation, à voir le bon côté et l’ouverture qui permettra d’avancer.
Cyprien et Daphrose vont rencontrer la communauté de l’Emmanuel et alors mettre toute leur énergie à fonder la Communauté au Rwanda. Ensemble, ils approfondissent les grâces qu’ils vivaient déjà : l’adoration, la compassion et l’évangélisation. Ils se donnent entièrement à la mission et permettent à la Communauté de grandir rapidement. Ils ouvrent aussi leur cœur aux pauvres, particulièrement aux enfants des rues à qui ils offrent un espace pour grandir et recevoir une éducation. Leur désir de sainteté est communicatif ; ils sont très exigeants et spécialement attentifs à la communion fraternelle.
Le 7 avril 1994, Cyprien et Daphrose Rugamba sont tués avec six de leurs enfants dans leur maison de Kigali après une nuit d’adoration eucharistique. Une folie génocidaire vient alors de s’abattre sur le Rwanda. Fondateurs de la Communauté de l’Emmanuel au Rwanda, proches des pauvres, ils ont refusé les divisions ethniques et choisi de rester au Rwanda, donnant un témoignage de foi rayonnant.
Leur cause de béatification a été ouverte en septembre 2015.
Site de l'Emmanuel et film J’entrerai dans le ciel en dansant (SAJE)
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- Écrit par Pierre-Yves (Courbevoie)
Ballade nostalgique et affective
Lors de notre retraite annuelle à Saint-Laurent-sur-Sèvre, il nous a été rappelé que notre ROC (Renouvellement du Oui au Conjoint) annuel était une démarche spirituelle et non une manifestation affective. Il n’est pas question pour moi de remettre en cause la doctrine officielle car il est effectivement opportun de se libérer d’une approche qui serait purement sentimentale, culpabilisante ou déconnectée de la réalité.
Je voudrais toutefois formuler un bémol: toute approche authentiquement chrétienne doit s’efforcer de concilier toutes les dimensions de notre humanité et donc être à la fois spirituelle, rationnelle et affective.
Dans mon cas, après 22 ans de séparation dont 12 ans sans aucune relation, la tentation est grande “d’objectiver“, ‘‘d’intellectualiser“, de prendre du recul etc... autrement dit de passer à autre chose, ce qui peut constituer subtilement une première étape vers le pardon kleenex, l’infidélité et le renoncement à toute forme de réconciliation.
C’est dans cet état d’esprit que j’ai éprouvé le besoin de rafraîchir un peu la dimension affective de mon mariage en prolongeant notre retraite par un parcours vendéen sur les lieux-même de mes noces le 10 septembre 1983. Pour cette mélancolique thérapie, je n’ai pas complètement zappé la dimension spirituelle mais au lieu de brancher mon autoradio sur RCF je suis paresseusement resté sur MFM et ses chansons françaises un peu bébêtes... mais dont certains couplets me touchent et parfois me transpercent.
1re étape : Pouzauges
C’est dans cette paisible bourgade du haut boccage qu’eut lieu la réception de nos invités. Je retrouve avec plaisir le château médiéval, les deux églises romanes et l’auberge de la Bruyère qui n’est plus flambant
neuve. Je découvre le lac de l’Espérance (ça ne s’invente pas) et les
deux moulins emblématiques de la résistance vendéenne récemment
rénovés par Fleury Michon, l’employeur local.
Me revient en mémoire la valse d’ouverture du bal, très laborieusement mais méthodiquement répétée pendant plusieurs semaines dans une école de danse parisienne.
A la radio, François Feldman chante :
Maintenant que deviennent
Que deviennent les valses de Vienne ?
Dis-moi qu'est-ce que t'as fait
Pendant ces années ?
2e étape : Saint-Michel-Mont-Mercure
Aucun rapport direct avec mon mariage mais l’occasion de prendre un peu de hauteur sur le point culminant de la Vendée.
L’Archange Michel y a avantageusement supplanté l’antique dieu Mercure. A défaut d’avoir arrêté les colonnes infernales de la République, il aide les pèlerins à terrasser leurs dragons intérieurs. Séquence nostalgie :
Elle m’oublie chante Johnny
Elle court, elle court, la maladie d’Amour,
mais le plus douloureux, c’est quand on en guérit ! (M. Sardou)
Et maintenant que vais-je faire de tout ce temps que sera ma vie ! (G.Bécaud)
Florilège Marc Lavoine :
J’ai tout oublié quand tu m’a oublié
Je suis piégé comme un naufragé
Faut marcher, ne jamais s'arrêter
Je suis coincé, comme un révolté
À marcher, jamais se retourner.
C’est la vie, la vie c’est du vent.
Je rêve à vous souvent
Je me souviens de tout
Je me réveille à temps
Mais je vous vois partout.
Retour à 2019 avec Zaz et Angèle :
Est-ce que tu crois qu’on s’en remet
On vit avec, on fait semblant
Peut-être qu’on s’en remet jamais
On s’en remet jamais vraiment
Est-ce que nos souvenirs nous protègent
Sont-ils emportés par le temps ?
Le spleen n'est plus à la mode, c'est pas compliqué d'être heureux.
3e étape : Sérigné
C’est dans ce tout petit village que je me suis marié. La mairie a été déplacée et l’ancienne mairie n’est plus qu’une salle polyvalente. On célèbre moins souvent la messe dans l’église Saint- Hilaire (XIIIe siècle) mais la toiture va être prochainement rénovée. Jolie métaphore de la différence entre le mariage civil et le sacramentel...
Curieusement, la porte est ouverte et il est exposé, apparemment sans surveillance, un "trésor" (!) d’objets liturgiques.
Je me recueille de longues minutes avant de passer fugitivement devant l’ancienne (et toujours imposante) maison de ma belle-mère. Celle de notre nuit de noce.
Parle-moi de tes silences Parle-moi de ces distances
Qui ne nous séparent pas Dis-moi que l’amour ne s’arrête pas (M. Lavoine)
4e étape : Notre-Dame à Fontenay-le-Comte
Le réveil a été difficile en ce dimanche matin pluvieux. Encore dans notre retraite, je n’ai pas compris pourquoi les autres clients de l’hôtel éprouvaient le besoin d’être aussi bruyants pendant le petit déjeuner.
La messe me paraît bien tristounette et je me perds en conjectures sur le sens de ce verset de la Lettre aux Hébreux : « La foi est une façon de posséder ce que l’on espère ».
Un soleil inattendu ne se refuse pas
Je ne t’oublierai jamais, je reviens à toi
Si c’est Dieu qui l’a voulu, c’est un jour de joie Il y a de la poésie dans cette vie je crois ! (M. Lavoine)
5e étape : la grotte du Père de Montfort
Direction la cité médiévale de Vouvant en
lisière de la forêt de Mervent, terrain de jeu habituel de nos ballades de jeunes fiancés puis, plus tard, de jeune papa solo avec trois jeunes enfants.
Je laisse la voiture (et son autoradio) pour un circuit de randonnée dont le point d’orgue sera la visite de la célèbre grotte du Père de Montfort.
Sur une plaque, il est inscrit cette édifiante citation :
« C’est dans la solitude, pourvu qu’elle soit d’esprit,
qu’on trouve Jésus Christ et la seule béatitude.
Loin du monde, en cet ermitage, cachons-nous pour servir Dieu. »
De retour sur l'autoroute, j’entends soudain cette petite consolation à ma mélancolie :
Dis-le-moi, dis-le-moi
Si plus rien n'a de sens
Si tu n'as plus la foi Plus rien à donner
Dis-le moi, dis-le-moi
Si t'as tout essayé Tout tenté, espéré
Que ton monde change
Tu sais dans la vie,
Ça va ça vient,
Ça tient à rien,
Au fond tout va bien !
(Vitaa & Slimane)
Pierre-Yves (Courbevoie), ILE-DE-FRANCE-POISSY
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