temoignage 340 1« Mon âme est triste à en mourir ! » Cette phrase a envahi mon esprit pendant la veillée de Noël. En ce moment où la venue du Seigneur devrait remplir mon cœur et laisser jaillir ce chant  de joie : glo-o-o-o-o-o-oria in excelsis deo, c’est la tristesse qui le visite. 

Depuis quelques années, nous fêtons Noël en couple avec nos enfants. Lors de notre dernier anniversaire de mariage, une nouvelle rupture (que j’ai vécue comme un deuxième divorce) s’est produite. Ce qui explique mon état en cette soirée où l’Enfant-Dieu vient sur terre pour renouveler l’Alliance entre son Père et les hommes et entre tous les hommes alors que notre alliance à Marie-Françoise et moi est en piteux état. Comment pourrai-je avoir le cœur gai ? Oh ! Ce n’est pas non plus le désespoir, bien sûr. Lorsque le Christ a prononcé ces paroles à Gethsémani, il allait vers la mort, c’est vrai. Mais trois jours après, il ressuscitait ! 

Ce deuxième divorce, c’est un peu ma faute. J’ai trouvé que le Seigneur était trop long à tenir la promesse de sa Mère. Lui il a tout le temps, Il est éternel, mais pas moi ! Alors pour le prendre de vitesse, j’ai tout décidé et voulu imposer : Voilà où mène le manque de confiance en Dieu ! 

Après l’histoire du cow-boy qui tirait plus vite que son ombre1, voici l’histoire du guignol qui voulait allait plus vite que son Seigneur. 

Je suis né le jour de la Nativité de la Vierge. De ce fait, un lien un peu spécial m’unit à elle. 

En la fête de Notre Dame du Mont Carmel, Marie-Françoise et moi nous nous sommes dit Oui. 

Quatre enfants et un petit-enfant plus tard, séparation puis divorce en 1993 et, en mai 1994, entrée à la Communion Notre-Dame de l’Alliance où dès la première retraite à La Léchère, j’ai renouvelé mon Oui, hélas tout seul. 

Six mois plus tard, passage de Notre-Dame d’Afrique (vierge pèlerine) dans ma paroisse. Le divorce venait d’être prononcé en appel et j’avais envie d’aller en cassation, rien que pour embêter ma femme (oui ! Je sais, ce n’est pas très beau, mais je venais seulement d’entrer à la Communion !) J’ai demandé à Marie un signe. Lors de la veillée de prière, le prêtre, que je ne connaissais ni d’Eve ni d’Adam (il venait de Nantes) me demande de venir faire la lecture des noces de Cana. Avant que je ne commence cette lecture, il a introduit le texte en quelques mots : « C’est le texte que j'utilise pour faire renouveler aux couples leur engagement dans le mariage ». Et il a rajouté : « Dites à vos femmes que vous les aimez car on ne le dit jamais assez. » J’avais eu mon signe et je savais que le ROC deviendrait réalité et qu’ensemble nous redirions oui. Merci Marie. 

Au fil des années, nos relations se sont pacifiées Les mariages des enfants, les naissances des petits-enfants ont facilité les choses. Nous passions ensemble des vacances avec les enfants, nous nous retrouvions à Noël... Je commençais à penser que bientôt nous pourrions renouveler notre Oui ensemble ! 

Juillet 2018 : Marie-Françoise vient à Lyon garder quatre de nos petits-enfants. Elle arrive le 16 juillet à 11h30 ! L’occasion est là : ce serait la première fois depuis la séparation que nous passerions ensemble notre anniversaire de mariage. Je lui téléphone pour lui dire que je viens la chercher à la gare à 11h30 et que l’on se retrouve chez moi avec nos quatre petits-enfants pour le repas. 

Là, c’est la douche froide : refus catégorique assorti de remarques du style : « Je suis mal lorsque je suis avec toi, tu ne penses qu’à toi. Et de toute façon, personne ne change. » 

Je suis abasourdi : plus de goût à rien, envie de tout laisser tomber, repas réduits au minimum, prière mise en sommeil. A quoi bon tout ça ? 

Heureusement, Marie veille : au dernier moment, un désistement me permet de partir en "cure" à Nevers où dès la première messe du lundi soir je retrouve la paix qui ne m’a pas quitté de toute la retraite. Lors de la nuit d’adoration la parole donnée par le Seigneur me fixait mon programme pour les mois (ou les années) à venir : « Ma grâce te suffit ; ma puissance donne toute sa mesure dans la faiblesse » (2 Co 12, 9). 

A la retraite qui avait suivi le divorce, j’avais découvert le pardon. A Nevers, après ce deuxième divorce, j’ai découvert le besoin d’humilité et de confiance dans le Seigneur. 

8 septembre : C’est mon anniversaire et celui de Marie. Durant cette journée j’ai ressenti un appel très fort à la confiance. Comme si le Seigneur me disait : « Allez ! Décide-toi ! Arrête ton cinéma ! » Là, j’ai été convaincu, j’étais prêt ! Enfin, ce n’est pas si simple. Oui, je fais confiance, c’est décidé... Mais je cherche déjà comment biaiser afin de l’aider à agir ! Indécrottable ! 

12 septembre : Installation des Carmes à En Gueddi par notre cardinal. Pendant son homélie, en la fête du Saint Nom de Marie, il nous parle de Marie au pied de la croix, voyant son fils cloué sur le bois et en train de mourir. Tout semble fini, et pourtant l’ange Gabriel lui avait dit : « Tu enfanteras un fils, tu l’appelleras du nom de Jésus. Il sera grand et appelé fils du Très-Haut... Il règnera sur la maison de Jacob et son règne n’aura pas de fin. » (Luc, 1, 31-33). Mais elle se souvient des paroles de Jésus annonçant sa résurrection. Alors, elle croit et elle attend ! Ce passage de l’homélie m’a fortement marqué. Moi aussi, je fais confiance et je ne chercherai plus à biaiser et à miser sur les deux tableaux : Dieu et ma force. J’attendrai que le Seigneur nous appelle à renouveler ensemble le Oui de notre mariage. 

La cérémonie s’est terminée par un chant à la Vierge en la fête du Saint Nom de Marie : « Fleur du Carmel, Vigne fleurie, Beauté du ciel, Vierge féconde, Mère douce et toute pure, Etoile de la mer, donne- nous un signe de ta maternelle protection. » Le voilà, le signe donné par la Fleur du Carmel ! 

5 octobre : Lors de notre nuit d’adoration du premier vendredi du mois, j’ai reçu cette parole : « Mets en Dieu ta confiance et il te viendra en aide » (Siracide 2, 6). Le Seigneur sait que j’ai la nuque raide, alors il insiste ! 

Apprendre la confiance absolue en notre Abba, être devant lui comme un petit enfant et tout attendre de lui. Comme un bon vigneron, Il vient émonder la vigne que je suis, en arrachant l’orgueil de mon cœur pour que je puisse donner plus de fruit et produire un grand cru. C’est avec joie que je peux chanter : « Gloria in excelsis Deo ! » 

Olivier (Lyon)- VAL-DE-RHONE-ET-SAONE 

1 Pour les non-initiés, il s’agit de Lucky Luke.