Ballade nostalgique et affective 

Lors de notre retraite annuelle à Saint-Laurent-sur-Sèvre, il nous a été rappelé que notre ROC (Renouvellement du Oui au Conjoint) annuel était une démarche spirituelle et non une manifestation affective. Il n’est pas question pour moi de remettre en cause la doctrine officielle car il est effectivement opportun de se libérer d’une approche qui serait purement sentimentale, culpabilisante ou déconnectée de la réalité. 

Je voudrais toutefois formuler un bémol: toute approche authentiquement chrétienne doit s’efforcer de concilier toutes les dimensions de notre humanité et donc être à la fois spirituelle, rationnelle et affective. 

Dans mon cas, après 22 ans de séparation dont 12 ans sans aucune relation, la tentation est grande “d’objectiver“, ‘‘d’intellectualiser“, de prendre du recul etc... autrement dit de passer à autre chose, ce qui peut constituer subtilement une première étape vers le pardon kleenex, l’infidélité et le renoncement à toute forme de réconciliation. 

C’est dans cet état d’esprit que j’ai éprouvé le besoin de rafraîchir un peu la dimension affective de mon mariage en prolongeant notre retraite par un parcours vendéen sur les lieux-même de mes noces le 10 septembre 1983. Pour cette mélancolique thérapie, je n’ai pas complètement zappé la dimension spirituelle mais au lieu de brancher mon autoradio sur RCF je suis paresseusement resté sur MFM et ses chansons françaises un peu bébêtes... mais dont certains couplets me touchent et parfois me transpercent. 

temoignage 342 11re étape : Pouzauges
C’est dans cette paisible bourgade du haut boccage qu’eut lieu la réception de nos invités. Je retrouve avec plaisir le château médiéval, les deux églises romanes et l’auberge de la Bruyère qui n’est plus flambant
neuve. Je découvre le lac de l’Espérance (ça ne s’invente pas) et les
deux moulins emblématiques de la résistance vendéenne récemment
rénovés par Fleury Michon, l’employeur local. 

Me revient en mémoire la valse d’ouverture du bal, très laborieusement mais méthodiquement répétée pendant plusieurs semaines dans une école de danse parisienne.
A la radio, François Feldman chante : 

Maintenant que deviennent
Que deviennent les valses de Vienne ? 

Dis-moi qu'est-ce que t'as fait 

Pendant ces années ? 

2e étape : Saint-Michel-Mont-Mercure
Aucun rapport direct avec mon mariage mais l’occasion de prendre un peu de hauteur sur le point culminant de la Vendée. 

L’Archange Michel y a avantageusement supplanté l’antique dieu Mercure. A défaut d’avoir arrêté les colonnes infernales de la République, il aide les pèlerins à terrasser leurs dragons intérieurs. Séquence nostalgie

Elle m’oublie chante Johnny
Elle court, elle court, la maladie d’Amour,
mais le plus douloureux, c’est quand on en guérit !
(M. Sardou) 

Et maintenant que vais-je faire de tout ce temps que sera ma vie ! (G.Bécaud) 

Florilège Marc Lavoine : 

J’ai tout oublié quand tu m’a oublié 

Je suis piégé comme un naufragé 

Faut marcher, ne jamais s'arrêter 

Je suis coincé, comme un révolté 

À marcher, jamais se retourner. 

C’est la vie, la vie c’est du vent. 

Je rêve à vous souvent 

Je me souviens de tout 

Je me réveille à temps 

Mais je vous vois partout. 

Retour à 2019 avec Zaz et Angèle : 

Est-ce que tu crois qu’on s’en remet 

On vit avec, on fait semblant 

Peut-être qu’on s’en remet jamais 

On s’en remet jamais vraiment 

Est-ce que nos souvenirs nous protègent 

Sont-ils emportés par le temps ? 

Le spleen n'est plus à la mode, c'est pas compliqué d'être heureux. 

temoignage 342 23e étape : Sérigné
C’est dans ce tout petit village que je me suis marié. La mairie a été déplacée et l’ancienne mairie n’est plus qu’une salle polyvalente. On célèbre moins souvent la messe dans l’église Saint- Hilaire (XIII
e siècle) mais la toiture va être prochainement rénovée. Jolie métaphore de la différence entre le mariage civil et le sacramentel... 

Curieusement, la porte est ouverte et il est exposé, apparemment sans surveillance, un "trésor" (!) d’objets liturgiques. 

Je me recueille de longues minutes avant de passer fugitivement devant l’ancienne (et toujours imposante) maison de ma belle-mère. Celle de notre nuit de noce. 

Parle-moi de tes silences Parle-moi de ces distances
Qui ne nous séparent pas Dis-moi que l’amour ne s’arrête pas
(M. Lavoine) 

temoignage 342 44e étape : Notre-Dame à Fontenay-le-Comte
Le réveil a été difficile en ce dimanche matin pluvieux. Encore dans notre retraite, je n’ai pas compris pourquoi les autres clients de l’hôtel éprouvaient le besoin d’être aussi bruyants pendant le petit déjeuner. 

La messe me paraît bien tristounette et je me perds en conjectures sur le sens de ce verset de la Lettre aux Hébreux : « La foi est une façon de posséder ce que l’on espère ». 

Un soleil inattendu ne se refuse pas
Je ne t’oublierai jamais, je reviens à toi
Si c’est Dieu qui l’a voulu, c’est un jour de joie Il y a de la poésie dans cette vie je crois !
(M. Lavoine) 

5e étape : la grotte du Père de Montfort
Direction la cité médiévale de Vouvant en
lisière de la forêt de Mervent, terrain de jeu habituel de nos ballades de jeunes fiancés puis, plus tard, de jeune papa solo avec trois jeunes enfants. 

Je laisse la voiture (et son autoradio) pour un circuit de randonnée dont le point d’orgue sera la visite de la célèbre grotte du Père de Montfort. 

Sur une plaque, il est inscrit cette édifiante citation : 

« C’est dans la solitude, pourvu qu’elle soit d’esprit,
qu’on trouve Jésus Christ et la seule béatitude.
Loin du monde, en cet ermitage, cachons-nous pour servir Dieu. » 

De retour sur l'autoroute, j’entends soudain cette petite consolation à ma mélancolie : 

Dis-le-moi, dis-le-moi
Si plus rien n'a de sens 

Si tu n'as plus la foi Plus rien à donner 

Dis-le moi, dis-le-moi
Si t'as tout essayé Tout tenté, espéré 

Que ton monde change 

Tu sais dans la vie, 

Ça va ça vient, 

Ça tient à rien,
Au fond tout va bien ! 

(Vitaa & Slimane)
Pierre-Yves (Courbevoie), I
LE-DE-FRANCE-POISSY