Interdits de Communion ?
"Depuis mon divorce, ma famille me considère comme une mauvaise chrétienne. Je ne vais plus communier." Le Père Alain Bandelier, ancien conseiller spirituel général de la Communion Notre-Dame de l'Alliance, fait le point dans cet article sur les différentes situations.
Pour la première fois, dans notre Foyer de Charité, nous avons proposé une récollection à des fidèles divorcés et remariés. Nous l’avons préparée avec une équipe de la pastorale familiale du diocèse de
Dijon, qui a de l’expérience, et le souci de ne renoncer ni à la miséricorde ni à l’exigence : l’une comme l’autre sont inscrites dans l’Evangile. Nous étions une quinzaine. L’histoire de chacun était différente
mais douloureuse. Les situations de chacun étaient également assez contrastées. Certains venaient de se remarier civilement. D’autre se retrouvaient seuls après une deuxième séparation. Deux jeunes déjà divorcés l’un et l’autre vivaient en cohabitation. Une femme devenue veuve avait pu reprendre une vie sacramentelle. Un couple donnait le témoignage d’avoir rencontré le Seigneur à l’occasion du remariage ; leur cheminement les avait conduits à accueillir pleinement l’enseignement
de l’Eglise ; ils participaient activement à la vie de leur paroisse, sans cacher leur situation ni ses conséquences. Choix courageux qui fait question, ce qui est autre chose que faire scandale.
Après ces heures passées à l’écoute les uns des autres et à l’écoute de la Parole de Dieu, nous sommes repartis heureux, habités par davantage d’humilité et d’espérance, convaincus que la tendresse de Dieu est offerte à tous.
Quelle que soit sa situation, un baptisé est membre de l’Eglise
Quelques uns pourtant étaient arrivés avec cette idée bien ancrée : l’Eglise rejette les personnes divorcées remariées. C’est un raccourci caricatural. Quelle que soit sa situation, quel que soit son chemin, un baptisé est membre du Corps. Comment voulez-vous que l’Eglise le rejette ? Elle se rejetterait elle-même. Ce que l’Eglise n’accepte pas, ce ne sont pas les divorcés remariés, c’est le remariage. Ce n’est pas la même chose !
Sur ce point, en effet, peut-elle dire autre chose que son Maître : « Tout homme qui répudie sa femme et en épouse une autre commet un adultère, et celui qui épouse une femme répudiée par son mari commet un adultère » (Luc 16, 18) ? Saint Marc précise à l’intention du monde romain où,
contrairement au monde sémitique, la femme pouvait elle aussi divorcer : « Et si une femme répudie son mari et en épouse un autre, elle commet un adultère » (Marc 10, 12) . Jean Baptiste a osé le dire à Hérode, et cela lui a coûté cher. De même Thomas More, martyr, à Henry VIII. Qu’aujourd’hui encore, l’enseignement de l’Eglise soit contesté n’a donc rien d’étonnant. En revanche l’Eglise à ma connaissance, n’a jamais promulgué une loi pour « interdire » la communion aux fidèles divorcés remariés. Elle se contente de rappeler qu’il n’est pas possible de vivre la communion eucharistique, sacrement des noces de l’Agneau tant que l’on vit avec quelqu’un d’autre que le conjoint auquel on est lié sacramentellement par le Christ.
La réconciliation sacramentelle n’est donc possible qu’après la mort du premier conjoint ou encore dans l’hypothèse où le nouveau couple reçoit la grâce de cheminer jusqu’à la décision de vivre une amitié spirituelle et une séparation corporelle.
Ne laissons pas dire n’importe quoi
Arrêtons de dire et de laisser dire n’importe quoi sur un sujet aussi sensible. Deux choses surtout me déconcertent. En un mois, j’ai rencontré quatre fois des personnes qui ne communient plus, alors qu’elles n’ont personne (ou plus personne) dans leur vie. Mais la pression de leur milieu, (y compris de paroissiens vertueux !) fait qu’elles acceptent une sorte d’autopunition. Le comble, c’est que leur curé n’a même pas l’idée de les éclairer et de les inviter à la table du Seigneur alors qu’il les connaît bien !
En sens inverse, de nombreux fidèles qui vivent une nouvelle union sont déroutés, recevant des réponses contradictoires selon la paroisse à laquelle ils s’adressent. Des pasteurs, croyant bien faire, s’érigent en maîtres et juges, et « donnent la permission » à tel ou tel de communier, comme si cela relevait de leur autorité. D’autres entretiennent le rêve d’une « évolution » qui se fera lentement mais sûrement. Tout cela détourne ces fidèles des appels et des grâces du Seigneur qu’ils ont à vivre aujourd’hui.
Père Alain Bandelier,
Ancien conseiller spirituel général de la Communion Notre-Dame de l'Alliance
Article paru dans Famille Chrétienne n° 1430—11 juin 2005
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