TEMOIGNAGE

Un chemin de fidélité, de pardon et de paix

Marlène témoigne de ce que lui a apporté son chemin avec la Communion Notre-Dame de l'Alliance, de la séparation jusqu'au décès de son époux.

« Ce que Jésus désire, c’est que nous le recevions dans nos cœurs » (lettre 137 sainte Thérèse). Parole qui m’a accueillie en ouvrant la porte de ma chambre, ma petite cellule pour cette semaine particulière puisqu’elle est ma dernière retraite au sein de la Communion Notre-Dame de l’Alliance.


Du mariage heureux au cataclysme de la séparation
Le 9 septembre 1972 en recevant Jean-Christophe dans mon cœur, c’est aussi Jésus que je recevais dans mon cœur, que nous recevions pleinement dans notre cœur à travers le sacrement de mariage. C’était pour une vie, pour la vie, vivre un amour conjugal à trois : Jésus, Jean-Christophe et moi.

Nos deux fils ont fait la joie de notre vie. Durant vingt ans, des grosses épreuves ou difficultés nous en avons connues, mais très peu. Pour l’entourage (la famille, l’Église, les amis), nous étions le couple sans problème, un modèle solide dans la durée des couples qui déjà à l’époque éclataient de plus en plus.

Un jour inattendu, un cataclysme, une tornade a tout emporté. Jean-Christophe est parti pour une nouvelle aventure. Les enfants victimes ont subi. Je me suis retrouvée seule avec eux. Leurs blessures se sont révélées petit à petit, rapidement pour le plus jeune, quatorze ans et demi, discrètement pour l’aîné, dix-huit ans et demi, et qui explosent tardivement ayant atteint leur sommet après le décès de Jean-Christophe le 14 septembre 2021.

Un appel à la fidélité

En 1972 mariage, en 1992 séparation : mes mots du moment sortant du cœur « Seigneur, Tu le sais, je serai fidèle à notre engagement avec Toi et Jean-Christophe. Toi, le Dieu fidèle, Tu ne m’abandonneras pas. Mais Seigneur, pardonner, c’est impossible ! Jamais ! Révolte etc. Il a tout brisé. Nous sommes projetés Jésus et moi dans cette tornade ».

En 1993, un an après le départ de Jean-Christophe, besoin certainement de me retrouver, méditer, être au calme, besoin de silence, je pars en vacances à la montagne avec notre plus jeune fils. Je marche pendant qu’il profite des animations et des activités de son âge. Partie avec un livre sur Marthe Robin qui m’était totalement inconnue, je m’interroge sur sa vie assez étrange. Au retour je m’informe sur Châteauneuf-de-Galaure, le Foyer de Charité, Marthe. J’en parle à mon accompagnateur. Et voilà, octobre 1993, 1re retraite en silence pendant une semaine à Châteauneuf-de-Galaure. Ah ce silence que je goûtais pour la 1re fois, quel cadeau ! Beaucoup de larmes, mais aussi des grâces, d’ailleurs les larmes ne sont-elles pas aussi des grâces de guérison ? Au moment de quitter cette retraite, à la librairie après plusieurs hésitations durant la semaine, j’achète un livre « Séparés, divorcés une possible espérance » de Paul Salaün, fondateur de la Communion Notre-Dame de l’Alliance avec Anne-Marie Le Marquer. Je dévore ce livre et en parle à mon accompagnateur. C’est le début de ma grande et belle aventure avec la Communion Notre-Dame de l’Alliance jusqu’aujourd’hui, c’est-à-dire pendant presque 30 ans.

Un chemin de pardon et de paix

Alors « recevoir Jésus dans mon cœur » a été un chemin de conversion lente, à la vitesse du pèlerin chargé de son sac à dos ici rempli de douleurs, qui s’est présenté devant moi. Chemin tortueux, parfois boueux mais aussi bordé de petites fleurs dont celles de la Communion Notre-Dame de l’Alliance. En effet « cathos du dimanche » j’ose dire, nous étions cependant en équipe MCC (mouvement des cadres chrétiens) et pour Jean-Christophe à la chorale de notre église Saint-Léger. Et c’est là, comme je l’ai dit, le cataclysme parce qu’il s’est attaché à une choriste entraînant notre séparation. Il a fait son chemin, j’ai entrepris le mien. J’ai senti immédiatement pour moi l’appel à un chemin de fidélité. Je n’imaginais pas encore un chemin de pardon, qui semblait impossible humainement, et n’imaginais pas un chemin où Dieu était si intensément présent en mon cœur et agissait.

Comment ? Avec quelques temps forts :

  • 1ére retraite au foyer de Charité à Poissy, Mgr Legal : « Se laisser réconcilier avec le Christ », mon étape la plus sensible comme vous venez de l’entendre. Ce pardon à vivre, à donner, à accueillir peut-être quand je le pourrai car Dieu m’a laissée libre et m’a donné le temps. J’avais, bien entendu, « désiré pardonner », car on dit que c’est presque « pardonner ». Oui, le désir je l’avais au plus profond de mon cœur, mais ça accrochait quelque part ! C’était trop tôt !
  • C’est en acceptant les contraintes kilométriques pour retrouver le Seigneur au sein du groupe Lorraine-Champagne-Ardenne que ce chemin du pardon s’imprégnait doucement en moi. Les rencontres fraternelles à Reims (100km) un vendredi soir par mois chez Maryse et Michel Devaux, diacre qui accompagnait le groupe et, ce que nous y partagions, personne d’autre ne pouvait comprendre. Ces partages dans la confiance m’ont aidée. Que de grâces nous recevons à la Communion en pouvant échanger sur ce que nous vivons !
  • Puis les récollections à l’époque à Chevilly-Larue, encore plus loin ! Tout m’était donné ! Le Seigneur pourvoyait, me conduisait, me portait et Il continue.
  •  L’image du joug si bien commenté par le Père Jacques Nourissat lors d’une rencontre en Belgique ou peut-être lors d’une récollection prêchée à Reims, m’a toujours portée. Les larmes, les souffrances, les blessures, Jésus est là à côté sous le poids du joug, du fardeau, à côté de moi. « Mon joug est doux et mon fardeau léger » (Mt 11,30). Cette barre où deux personnes, Jésus et moi, peuvent se placer pour porter ensemble le fardeau. Quel cadeau Il me fait !
  • Un signe qui me montrait que la Communion Notre-Dame de l’Alliance était le bon chemin, je reviens donc vers Marthe Robin. J’ai désiré retourner près d’elle pour la remercier, donc nouvelle retraite en silence une semaine. Rendez-vous avec le Père qui prêchait la retraite quand, dans le salon où j’attendais pour le rencontrer, j’aperçois sur la table basse une revue de couleur orange. Tiens, on dirait « l’Anneau de Feu » (revue de la Communion Notre Dame de l'Alliance) ? Je le prends, le seul sur la table daté octobre 1993 ! Période qui correspondait à ma 1re retraite où j’avais découvert la Communion grâce au livre. Donc confirmation de mon appel à la fidélité avec vous tous frères et sœurs. Clin d’œil de Jésus : tu as choisi le bon chemin et Je suis avec toi. Mais je n’en doutais pas, je suis sur le bon chemin !
  • L’engagement à notre sacrement de mariage, je le vis dans la douceur, la paix, et merci Seigneur car c’est merveilleux de l’avoir davantage découvert à travers cette rupture. C’est une force ce sacrement, il nous confirme l’appel dans notre situation. De tout mal, le Seigneur tire du bon. Mais ça, je n’ai pu le réaliser qu’au fil des années grâce à la Communion.
  • Ah oui, je me suis épanouie avec mes frères et sœurs. Toute timide que j’étais et déboussolée par cette rupture, la Communion m’a emportée sur une brise légère sous le manteau de Marie. La tornade est loin. En effet, la Communion m’a choisie pour me donner à mes frères et sœurs de la région en étant responsable durant sept ans. Alors je vous le dis, si le Seigneur vous y appelle, n’hésitez pas. Toute petite, il m’a choisie et m’a conduite tout au long de cette mission.
  • Quelques coups de vent essaient encore de balayer cette douce brise légère mais « Seigneur avec toi je ne crains rien, je suis inébranlable. Tu es mon rocher, ma citadelle, ma forteresse ». C’est la parole que je me répète et qui me tient debout face à ces coups de vent.
  • Quand même, durant toutes ces années, que de culpabilités, de remises en question ! Pourquoi ? Je suis nulle ! J’ai tout raté ! Le partage, le soutien, la prière, les enseignements, accompagnements au sein de la Communion Notre-Dame de l’Alliance m’ont aidée à dépasser ces questionnements.
  • J’ai retrouvé la paix, la joie intérieure mais aussi la joie toute simple partagée avec vous. J’ai vu la lumière à travers ces obscurités. J’ai accepté d’être ce que je suis, j’ai lâché prise pour m’abandonner dans les bras de Dieu et, petit à petit, être habitée de cette paix venant de Dieu.
  • Pardon aussi à moi-même qui m’a amenée à pardonner à Jean-Christophe en allant vers lui. Cependant la réconciliation n’a jamais été possible sur cette Terre malgré quelques approches. Elle le sera dans le Royaume où nous nous retrouverons. Justement, hier soir une parole sur le reliquaire de saint Louis et sainte Zélie m’a touchée : « On ne sera heureux que quand tous nous serons réunis là-haut. »

Oui le Seigneur est grand, plein d’amour pour moi, et Il m’a montré ce chemin de l’amour à donner à mon tour. Ces pardons donnés ne sont pas acquis pour toujours. Des épreuves viennent parfois les briser. Aussi j’ai à les redonner dans mon cœur profond. Mes frères et sœurs de la Communion ont été là pour me soutenir, m’aider à franchir ces obstacles, à retrouver la force de pardonner à nouveau.


Un témoignage porté au sacrement du mariage jusqu'aux obsèques
Le décès de Jean-Christophe est une 2e rupture. Seule au funérarium, j’aurais aimé l’être pour vivre cet instant d’adieu mais mon fils et son épouse ont voulu m’accompagner. 2e rupture inachevée apparemment. Qu’en sera-t-il ?

Aux obsèques, je n’étais pas de la famille mais présente dans la foule avec mon frère, son épouse, mes deux neveux et une amie. Le prêtre avait demandé à sa civile épouse (terme que Thierry Maucour, ancien modérateur décédé, employait et que je trouve ajusté) pour que je dépose un lumignon avec mes petits-enfants et elle. Elle avait accepté cette démarche demandée par le prêtre. J’ai accepté, ne voulant pas semer la discorde, mais je crois que Jean-Christophe ne l’aurait pas souhaitée puisqu’il avait tourné la page de notre union de vingt ans. En tout cas, s’il est au Ciel, c’est ce que je souhaite et je le crois, il ne peut que l’accepter. Il est décédé le 14 septembre, fête de la Croix Glorieuse à 15h, heure du chapelet de la divine miséricorde, demandé par Jésus à sainte Faustine. Signe peut-être, en tout cas de beaucoup d’espérance.

Évidemment, je n’ai pas eu de condoléances ce jour-là. Mais, frères et sœurs, le Seigneur est bon, quelques jours après je reçois une carte de condoléance qui en vaut 1000 pour la Communion Notre-Dame de l’Alliance. Je vous lis quelques passages : « … avec vous je le confie à la Miséricorde de Dieu, à laquelle il pourra reconnaître le mérite de votre fidélité et l’Espérance qu’elle lui ouvre » … « Recevez Madame… l’assurance de mon dévouement dans le Seigneur et de ma gratitude pour le témoignage que vous portez au sacrement de mariage. » Elle provenait de notre archevêque, Mgr Éric de Moulins-Beaufort, qui pourtant avait bien d’autres préoccupations puisque le rapport Sauvé venait d’être dévoilé. Voilà, frères et sœurs dans la petitesse, notre témoignage même discret porte des fruits. Tenez bon dans le Seigneur, frères et sœurs.

Oui MERCI à vous tous et toutes de la Communion, à notre groupe Lorraine-Champagne-Ardenne pour cette belle fraternité, pour vos prières pendant ces trente années et lors du décès de Jean-Christophe où vos mots m’ont touchée.

Je voudrais ajouter que le veuvage n’efface rien de mon histoire. La vie continue avec les mêmes problèmes liés à notre situation, et le soutien de la Communion me semble indispensable. Ce que nous vivons est difficile à partager dans d’autres groupes. Que le Seigneur entende !


Marlène (Charleville-Mézières)

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